Après plus de 50 jours de compétition, la 10ème édition de la Coupe du monde de rugby, qui se tenait en France, s’est achevée le 28 octobre dernier avec une victoire de l’Afrique du Sud. C’est la quatrième fois que les Springboks remportent le précieux sésame, dépassant ainsi la Nouvelle-Zélande, et devenant par la même occasion la seule et unique nation à remporter autant de fois la compétition. Si la France avait déjà co-accueilli une Coupe du Monde en 2007, c’est la première fois que ce prestigieux tournoi était exclusivement organisé en France.
Si cette édition n’a pas été synonyme de succès sportif pour le XV de France, malheureusement éliminé dès les quarts de finale par le champion en titre, cette compétition fut un grand succès pour la France et le rugby français sur bien des aspects comme s’en sont récemment félicités la Ministre des Sports : Amélie Oudéa-Castera, le Président du comité d’organisation France 2023 : Jacques Rivoal ou encore Florian Grill, nouveau Président de la Fédération Française de Rugby.
I – Un engouement populaire sans précédent pour le rugby français :
Le premier succès de cette Coupe du monde est avant tout un succès populaire.
La Coupe du monde 2023 a été une formidable vitrine pour le rugby français qui peine à se développer. En août dernier, le média CNEWS établissait le classement des sports les plus pratiqués en France et le rugby fermait difficilement le Top 10 (303 048 licenciés), loin derrière le football qui comptait déjà plus de 2 millions de pratiquants à la rentrée 2023.
Cette 10 ème édition a affiché un chiffre historique de 2,4 millions de spectateurs dans les principaux stades en France (Paris, Marseille, Lyon, Bordeaux, Lille, Nantes, Saint-Etienne, Nice et Toulouse), soit 700 000 spectateurs de plus que sur l’édition de 2019 qui s’est déroulée au Japon. Parmi les 2,4 millions de spectateurs, 600 000 sont venus de l’étranger. La page COVID-19 semble donc bel et bien tournée en termes d’affluences dans les stades.
Les chiffres télévisuels sont eux-aussi excellents. Il y a eu pour cette édition près de 230 millions de téléspectateurs cumulés en France avec un pic à 18,4 millions de téléspectateurs lors de la malheureuse défaite des Bleus en quart de finale face à l’Afrique du Sud.
Ces chiffres sont cette fois largement comparables à ceux du football, notamment au regard du nombre d’auditeurs lors du quart de finale de Coupe du Monde entre l’Équipe de France et l’Angleterre en décembre 2022 qui avait avoisiné un pic à 17,7 millions de téléspectateurs.
II – Une organisation fluide et rassurante à l’approche des Jeux Olympiques et Paralympiques de Paris 2024 :
Ce qui a contribué à faire de cette Coupe du monde un tel succès populaire, c’est aussi grâce à une organisation fluide et efficace. Un succès qui rassure avant l’organisation des Jeux Olympiques et Paralympiques qui prendront place durant l’été 2024. Cela a notamment été rendu possible par un double-axe de sécurité : un important dispositif de prévention et bien entendu un déploiement massif d’agents de sécurité tout au long de l’évènement.
En quelques chiffres le dispositif de sécurité pour la Coupe du monde 2023 c’était :
– 5 500 forces de sécurité intérieure en moyenne chaque jour sur la durée de la compétition ;
– Plus de 4800 opérations de prévention de la délinquance durant les 2 mois qui ont précédé le tournoi ;
– 287 gardes à vue réalisées pendant la compétition ;
– Jusqu’à 2 100 secouristes par match mobilisés pour les plus grands stades
– Un risque cyber maîtrisé et un arsenal anti-drones efficacement mobilisé
Tout ce dispositif a permis d’éviter un quelconque incident, et ce dans un contexte national et international particulier avec des événements importants tels que la visite de Charles III, la messe papale, des tensions internationales ou encore des attentats sur le sol français.
Le Ministre de l’intérieur et de l’Outre-mer, Gérald Darmanin s’en est alors félicité : « Grâce à la mobilisation de 11 000 policiers et gendarmes nationaux et de 3000 policiers municipaux, nous avons pu assurer, sans aucun incident majeur, la sécurité que chacun attendait et donner une magnifique image de la France. Il y a eu des bleus sur le terrain, il y a eu des bleus en dehors du terrain, et je suis très fier que nous ayons collectivement gagné le match de la sécurité. Nous avons réussi à marquer cet essai pour la Coupe du Monde de rugby en termes de sécurité, et nous devons le transformer pour les Jeux Olympiques et Paralympiques. »
III – Un évènement réussi sur tous les aspects qui doit servir de référence :
Enfin, ce tournoi a été une réussite dans tous les domaines de rentabilité et d’efficacité d’une entreprise, que sont les aspects : économique, social et environnemental. Décryptage :
Sur le volet économique :
Au niveau économique cette Coupe du monde est un record inscrit dans l’histoire. Tout d’abord, 350 millions d’euros de chiffre d’affaires ont été réalisés uniquement grâce à la billetterie ce qui représente un premier record pour un événement de cette envergure.
Autre record : 120 000 packages hospitalités ont été vendus, contre 69 000 lors de la Coupe du monde de 2019 au Japon et dépassant de plus de 20 000 le précédent record établi.
De manière générale, cet évènement aura permis d’augmenter de plus de 13% les ventes dans les commerces de proximité et de 24% la fréquentation des restaurants des ville hôtes durant les 10 premiers jours de compétition d’après une étude préliminaire réalisée par Mastercard, sponsor de l’évènement.
Sur le volet social :
Cette 10ème édition de la Coupe du monde de Rugby a eu un impact social extrêmement positif. Le nombre d’actions sociales avant, pendant et après ce tournoi est impressionnant.
En voici quelques exemples :
- 1 400 jeunes formés aux métiers du sport, de la sécurité et du tourisme dans le Centre de Formation des Apprentis « Campus 2023 », soutenu à hauteur de 70ME par l’État au titre de la politique d’aide à la formation des apprentis ;
- Des actions d’insertion sociale, notamment le partenariat avec l’Association « Petits Frères des Pauvres » ayant permis à 262 seniors isolés d’assister à un match ;
- Programme « Rugby is my Pride », avec plusieurs temps forts de mise en lumière du combat pour la défense des droits des personnes LGBT+ dans le sport, complétés par le concours de photos « Célébrons nos différences » organisé avec l’UNESCO ;
- Des athlètes eux-mêmes engagés avec 60 actions de proximité dans des écoles, hôpitaux et EHPAD.
Mais outre ces actions conjoncturelles, certains changements sont amenés à être structurels faisant de cette Coupe du monde un exemple à suivre pour les futures échéances sportives qui auront lieu sur le territoire français. Par exemple, afin de pérenniser les emplois d’apprentis créés pour cette Coupe du monde de rugby, l’État français s’est engagé à verser une contribution de l’État et de France 2023 à hauteur d’environ 10 M€. Il s’est également engagé à la création d’une action engagée conjointement par l’État et la FFR pour prévenir et lutter contre le jeu dangereux dans le monde amateur comme professionnel et, avec le concours de l’UNSS, renforcer la sécurisation de la pratique du ballon ovale en milieu scolaire.
Sur le volet environnemental :
Si la Coupe du monde de football 2022 organisée au Qatar a été fortement décriée, voire boycotté par certains fans, pour son impact écologique désastreux, ce n’est pas le cas pour cette Coupe du monde de Rugby 2023.
Le premier succès majeur de cette Coupe du monde est la réduction drastique des émissions de gaz à effet de serre liées aux transports. Il faut savoir que de manière générale, la principale source d’émission de gaz à effet de serre d’un évènement sportif est l’émission issue du transport des athlètes et des supporters. Or, de nombreux plans de transports ont été mis en place dans le but de réduire ces fameuses émissions polluantes. Résultat : 80% des trajets des équipes ont été réalisés en train ou en bus et 88% des trajets des spectateurs l’ont été une fois leur arrivée sur le sol français. De plus, avec le soutien de ses parties prenantes (sponsors, collectivités, World Rugby), le Groupement d’Intérêt Collectif France 2023 a réussi à mobiliser un budget de 1,8 M€ dans l’objectif d’absorber la moitié des émissions carbone des déplacements des 600 000 visiteurs étrangers.
Clément Beaune, Ministre délégué chargé des transports, a souligné ce succès historique pour la Coupe du monde de Rugby et le Rugby mondial : « Cette Coupe du Monde de rugby est un signal fort pour les transports publics et la décarbonation, y compris lors de grands événements internationaux. 80% des trajets des équipes en train, près de 2 millions de passagers transportés par la SNCF, une qualité de service renforcée, des infrastructures fonctionnelles et fiables : cet événement nous a permis de tester une partie des dispositifs élaborés pour les Jeux Olympiques et Paralympiques, nous sommes sur la bonne voie. Nous sommes fiers d’avoir fait de cette Coupe du Monde de Rugby la plus écologique grâce au train et aux transports en commun ! »
Second succès de cet évènement, la lutte contre toutes les formes de déchets. Cela a été rendu possible par la création d’une politique d’achats responsables, mais aussi de dispositifs de tri des déchets et de lutte contre le gaspillage alimentaire dans les stades (en partenariat avec des banques alimentaires).
Dans un peu plus de 250 jours auront lieu les Jeux Olympiques et Paralympiques 2024 à Paris. Ces jeux se doivent de prendre exemple sur la Coupe du monde de Rugby 2023 afin que ceux-ci soient des moments de fête, de spectacle et de partage entre tous, ô combien précieux par les temps qui courent, le tout en assurant la durabilité des territoires français.