L’exclusion des athlètes transgenres des épreuves féminines d’athlétisme

par | 17, Avr, 2023

La mesure a été annoncée par communiqué de presse (1) ce 23 mars par la fédération internationale d’athlétisme, World Athletics, d’exclure les athlètes transgenres des compétitions féminines internationales. La décision étant entrée en vigueur le 31 mars dernier, elle vise à « protéger la catégorie féminine » au sein des compétitions internationales d’athlétisme, d’après le président de la fédération Sébastien Coe, arguant notamment que « les preuves que les femmes trans ne conservent pas un avantage sur les femmes biologiques sont insuffisantes ».

Visant alors les athlètes transgenres hommes et femmes ayant connu une puberté masculine, cette nouvelle politique (2) marque un tournant par rapport aux précédentes réglementations qui les autorisaient à participer aux épreuves féminines en régulant leur taux de testostérone pendant au moins 12 mois avant la compétition.

La décision a notamment été prise suite au rendu d’un avis du 16 novembre 2021 dans lequel le CIO avait estimé qu’ « il n’y a pas de consensus scientifique sur la façon dont la testostérone affecte les performances dans tous les sports » ; tant actuellement, aucune athlète transgenre ne concourt aux compétitions d’athlétisme de niveau international. Sébastien Coe a cependant laissé entendre que cette mesure n’était pas définitive et qu’un groupe de travail spécifique sera créé en vue de « considérer plus tard une possible inclusion ».

D’autre part, World Athletics a également régulé l’accès aux compétitions internationales pour les personnes intersexes en renforçant les restrictions applicables. Ces derniers doivent dès lors maintenir leur taux de testostérone sous le seuil de 2,5 nmol/L pendant 24 mois, au lieu de 5 nmol/L pendant 6 mois pour concourir dans la catégorie féminine ; et le règlement s’applique désormais à toutes les disciplines et non plus seulement aux courses allant du 400 m au mile (1.610 m). Cependant, les 13 actuelles athlètes intersexes ayant toutes refusées ces dernières années de prendre un traitement hormonal, la fédération leur a proposé un règlement « temporaire » imposant de baisser leur taux de testostérone pendant 6 mois seulement au lieu de 24, les excluant de participer aux Mondiaux de Budapest mais pouvant leur permettre une participation aux JO de Paris.

L’inclusion des personnes transgenres et intersexes dans le sport à haut niveau reste un sujet pleinement débattu, à l’heure où le CIO s’est dessaisi de la question en laissant une totale discrétion aux fédérations internationales afin d’imposer leurs propres critères de participation en la matière.

Ainsi, quand la FINA (World Aquatics) souhaite créer une catégorie ouverte pour les sportifs transgenres, et donc exclure des catégories féminines les nageuses « devenues femmes avant la puberté », la FIFA, elle, a seulement annoncé en juin dernier travailler sur la question.

Affaire à suivre…

  1. https://www.worldathletics.org/news/press-releases/council-meeting-march-2023-russia-belarus-female-eligibility
  2.  C3.5A – Eligibility Regulations Transgender Athlet, World Athletics

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