Interview de Katarina Pijetlovic (Secrétaire Général de l’UEC – Union Européenne des Clubs)

par | 31, Août, 2023

Katarina Pijetlovic est une juriste estonienne, auteur du livre  » Droit du Sport de l’UE et Ligues Dissidentes dans le football » et Professeur à l’Université Catholique du Portugal et à la Global School of Law de Lisbonne. Elle est l’actuelle Secrétaire Générale de l’Union Européenne des Clubs, un syndicat basé à Bruxelles dont l’objectif est de représenter les intérêts de tous les clubs professionnels qui sont insuffisamment ou pas du tout représentés dans les structures de gouvernance européennes existantes. Retrouvez notre interview exclusive Jurisportiva, également disponible en version anglaise. Entretien.

Bonjour Katarina. Pourriez-vous vous présenter brièvement ?

Bonjour. Je suis une universitaire estonienne et spécialiste en droit, probablement mieux connue pour mon livre sur le « Droit du Sport de l’UE et les Ligues Dissidentes dans le Football ». J’ai obtenu deux doctorats en droit du sport de l’Union Européenne à l’Université d’Helsinki. Mon parcours est principalement académique dans le sens où j’ai travaillé dans plusieurs universités à travers le monde, tout en fournissant toujours des conseils juridiques à des acteurs de l’industrie du sport en parallèle (principalement pour des clubs de football et des joueurs de tennis, le plus souvent à titre bénévole). J’ai fait partie du Conseil Consultatif de l’Association des Joueurs de Tennis Professionnels lors de sa création il y a quelques années par Novak Djokovic et Vasek Pospisil. Actuellement, je travaille à l’Université Catholique du Portugal, à la Global School of Law de Lisbonne, où j’enseigne le Droit et la Réglementation du Football, le Droit du Sport et le Droit de la Concurrence de l’UE, et j’occupe également le poste de Secrétaire Générale de l’UEC (Union of European Clubs). Enfin, à titre informatif, j’ai joué au football en Première Ligue estonienne et je pratique le tennis depuis ma plus tendre enfance.

Vous êtes, depuis peu, Secrétaire Générale de l’UEC (Union des Clubs Européens). Pouvez-vous nous en dire davantage sur la création de cette nouvelle union ? Comment est née l’idée de ce projet ? Pourquoi a-t-il été créé, pour qui, et dans quels objectifs ?

L’UEC a été en gestation pendant plus de deux ans et demi avant son lancement le 24 avril 2023, à Bruxelles. L’un des cofondateurs de l’UEC, Dennis Gudasic, PDG de Lokomotiva Zagreb, et moi-même, nous sommes rencontrés en 2019 lors d’un événement des Ligues Européennes appelé “Plateforme Consultative des Clubs”. À un moment donné, j’ai contacté Dennis via LinkedIn car pendant l’événement, il avait fait d’excellents commentaires sur l’importance des clubs de petite et moyenne taille dans l’écosystème européen et sur la nécessité pour les clubs de se regrouper pour faire entendre une voix unifiée auprès des instances dirigeantes et d’autres organisations. Je l’ai contacté pour saluer ses commentaires qui coïncidaient avec mes propres observations, et le reste appartient à l’histoire, comme on dit. Une personne du club de football irlandais que je représentais juridiquement à l’époque a réunit un petit groupe de personnes pour travailler sur ce projet et après environ 2 ans et demi de préparation et de “réseautage”, nous avons finalement obtenu suffisamment de soutien et de moyens pour lancer l’organisation. L’idée derrière l’UEC est de représenter les intérêts de tous les clubs professionnels qui sont insuffisamment ou pas du tout représentés dans les structures de gouvernance européennes existantes. Cette description correspond à environ 90 à 95 % des clubs professionnels en Europe. La mission générale de l’organisation est de réduire la concentration du pouvoir, qui est actuellement entre les mains de quelques clubs d’élite, en représentant les intérêts de la grande majorité des clubs professionnels dans la gouvernance du football européen, et de créer un écosystème durable dans lequel ces clubs peuvent progresser et prospérer.

Le problème de gouvernance dans le football mondial est-il l’une des raisons pour lesquelles l’UEC a été créée ? Quelles sont vos observations sur la gouvernance du football européen ?

Bien qu’il existe un lien entre la gouvernance du football au niveau mondial et continental, l’UEC est actuellement exclusivement axée sur l’amélioration des structures de gouvernance du football européen et sur la représentation des intérêts des clubs européens non-élites. Il y a plus de 1500 clubs de football professionnels en Europe. Seulement environ 330 de ces clubs sont membres de l’Association Européenne des Clubs (ECA) en raison de leurs règles d’adhésion restrictives. Seulement 130 de ces clubs ont un droit de vote complet. Cependant, indépendamment du pouvoir de vote de ces 130 clubs, les structures exécutives de l’ECA (European Club Associations) sont conçues pour garantir que les clubs d’élite occupent la plupart des postes de décision principaux et sont toujours en mesure d’obtenir une majorité. Les dernières réformes de l’ECA ne sont rien de plus que de la façade, avec les grands clubs toujours capables de rester fermement aux commandes. Ce manque de structures démocratiques est la raison pour laquelle les règles qui gouvernent actuellement le football européen fonctionnent en faveur des clubs d’élite.

Pourquoi créer un autre syndicat, en dehors de l’ECA, qui représente également les clubs de football européens ? Qu’est-ce qui vous distingue d’eux?

Nous avons créé un nouveau syndicat précisément parce que 92 % des clubs n’ont pas le droit de vote ni le droit de devenir membres de l’ECA, et parmi les membres votants de l’ECA, seuls quelques clubs d’élite sélectionnés ont une influence réelle. 

C’est la source même de nombreux problèmes actuels auxquels le football est confronté, liés par exemple à l’équilibre compétitif, à la durabilité financière, à l’accès aux compétitions, à la redistribution des revenus, à la solidarité, et bien d’autres. 

Nous voulons changer cela et résoudre le problème à la source, en nous concentrant sur « guérir la maladie » plutôt que de simplement traiter ses symptômes. 

La gouvernance est la clé de tout le reste. Contrairement à l’ECA, l’UEC est un syndicat basé sur l’égalité entre ses membres. Chacun de nos clubs membres peut se porter candidat et être élu au Conseil Exécutif par les membres de l’UEC. Il n’y a pas de hiérarchie de la membership dans l’UEC – les droits de vote sont accessibles à tous, indépendamment de la taille et de la richesse du club, car nous opérons selon le principe d’un club, une voix. Nos clubs membres ne sont pas divisés en subdivisions et ne se voient pas attribuer différents droits en fonction de leur richesse. Les places de notre Conseil Exécutif ne sont pas réservées aux clubs d’élite pour garantir qu’ils puissent toujours obtenir une majorité dans le processus de décision. Au lieu de représenter les intérêts des membres d’élite, l’UEC représente les intérêts de tous ses membres, comme le montrent nos statuts et nos structures démocratiques.

Quelle est votre relation avec l’UEFA ? Avez-vous leur soutien ?

Nous avons rencontré l’UEFA à plusieurs reprises, de manière formelle et informelle, et nous les tenons informés de nos activités. Depuis la naissance de notre initiative, il est très clair que nos objectifs sont alignés sur les principes énoncés par l’UEFA dans la « Stratégie de l’UEFA 2019-2024 – Ensemble pour l’avenir du football ». 

Nous ne pensons pas que l’intention de l’UEFA était de créer le système déformé de compétitions qui existe aujourd’hui. Malheureusement, le système est devenu fortement en faveur des clubs d’élite en raison de la pression constante exercée sur l’organe dirigeant par ceux qui représentent les intérêts des clubs d’élite. En ce sens, nous nous voyons comme des contributeurs au rôle de l’UEFA en tant qu’organe dirigeant dédié à l’égalité des chances, et comme une zone tampon aidant à protéger la prise de décision à l’UEFA de l’influence des intérêts privés et purement financiers. Nous respectons et soutenons le rôle réglementaire central de l’UEFA et prévoyons de coopérer avec eux de manière plus structurée et formelle après notre première Assemblée Générale prévue vers la fin de l’année. Nous y arrivons rapidement alors que de plus en plus de membres rejoignent l’organisation chaque jour.

Qui sont vos clubs membres actuels ? Et qui soutient vos projets ?

Nos clubs membres viennent de toute l’Europe et vont des clubs des cinq grandes ligues aux clubs de très petites ligues. Bien que l’identité de nos membres ne soit pas rendue publique avant l’Assemblée Générale à la fin de l’année, nous avons annoncé publiquement notre Conseil Intérimaire composé de six clubs – Lokomotiva Zagreb (Croatie), Bohemians (Irlande), Osasuna (Espagne), Royale Union Saint-Gilloise (Belgique), Maccabi Netanya (Israël) et RFS (Lettonie). De nombreux soutiens à notre projet existent parmi les parties prenantes du football européen, tels que, par exemple, les Ligues Européennes, qui partagent nos objectifs idéologiques. Dès le départ, nous avons reconnu l’importance de la coopération et du développement de relations cordiales avec toutes les parties prenantes. Nous attachons également une grande valeur aux relations que nous avons établies avec les institutions de l’UE – leur rôle dans l’industrie du football ne peut être surestimé. Le vice-président de la Commission européenne, M. Schinas, et le membre du Groupe Sport du Parlement européen, M. Frankowski, ont prononcé des discours d’ouverture lors de notre événement de lancement – tous deux ont exprimé un fort soutien pour l’organisation via leurs médias sociaux. Nos objectifs sont parfaitement alignés avec les objectifs politiques de l’UE en matière de sport, basés sur la solidarité, l’égalité des chances, l’accès, la représentativité et d’autres principes de bonne gouvernance.

Quelle est l’opinion de l’UEC sur le projet de Super League ?

La Super League n’était ni un accident ni une surprise, mais une évolution attendue d’un écosystème déformé imposé par les clubs d’élite, résultat de décennies d’écart croissant entre les meilleurs et les autres, et conséquence des clubs riches deviennent plus riches et plus importants, tandis que les petits clubs devenaient plus petits et financièrement plus dépendants des contributions de solidarité. La Super League fermée, qui devait ressembler aux ligues sportives américaines, est en réalité, non seulement nuisible à la viabilité des ligues nationales en Europe, mais elle est aussi tout simplement illégale en vertu des lois européennes sur la concurrence. Elle proposait en d’autres termes de fermer une partie importante du marché dans un environnement culturel, juridique et social basé sur des lois et des valeurs différentes. C’est l’Europe, pas l’Amérique, et les choses sont différentes ici – c’est ce que les personnes derrière le projet Super League à l’article 22 ont manqué de comprendre dès le départ. Cela ne signifie pas que tout va bien dans le football européen, mais l’américanisation du football européen n’est pas la solution à nos problèmes. La Super League absorberait les ressources financières limitées existantes sur le marché au détriment de tous ceux qui ne font pas partie du projet Super League, en particulier les ligues nationales. Lorsque l’on pense au développement du football, l’accent ne devrait pas être uniquement sur la façon de gagner de plus en plus d’argent, mais sur la manière de créer un écosystème plus équitable et plus équilibré avec une redistribution équitable des ressources, de sorte que l’accès au sport de haut niveau ne devienne pas un privilège réservé à une élite restreinte. Pourquoi l’élite aurait-elle vraiment besoin de plus d’argent ? 

Réfléchissons… Pour pouvoir payer à leurs joueurs millionnaires quelques millions de plus pour leur cinquième Ferrari et un autre yacht, ou pour que les agents de football super riches puissent recevoir encore plus de commissions sur les frais de transfert toujours plus croissants ? Le football est un gros business, bien sûr, mais le pousser à l’extrême et ne lui attribuer de la valeur qu’au niveau financier nuit à une grande majorité des clubs et des ligues nationales. La cupidité de l’élite n’a jamais créé une société équitable et équilibrée, et elle ne peut pas non plus créer un écosystème de football équitable et équilibré.

Après la première tentative infructueuse, A22, à l’origine du projet de Super League, s’est rendu compte que leur stratégie était mauvaise à tous les égards et a installé un PDG chargé de changer la narration et la perception publique du projet. Le projet se présente désormais sous différentes langues et met l’accent sur les systèmes ouverts de compétition, la préoccupation pour le modèle du football européen, etc. Mais il est très évident qu’il s’agit d’un loup déguisé en mouton. L’idée même que les clubs élitistes du projet Super League, qui ont investi beaucoup d’efforts au cours des dernières décennies et ont abouti à la destruction des opportunités pour 95 % des clubs professionnels européens, se mettent soudainement à se soucier des valeurs du football européen, des petits clubs et des communautés, est absurde. Ils poursuivent une part de gâteau encore plus grande pour eux-mêmes et tout le reste est un écran de fumée qui leur permet d’obtenir ce qu’ils veulent. C’est insultant pour l’intelligence de tous ceux à qui de tels messages de relations publiques sont destinés (les fans de football, les décideurs politiques, etc.).

Certains médias indiquent que Javier Tebas est derrière le projet afin de rivaliser avec l’ECA et son président Nasser al Khelaifi. Que pouvez-vous nous dire à ce sujet ?

Il ne s’agit que d’un média utilisant des titres accrocheurs pour créer une controverse là où elle n’existe pas, et comme d’habitude, cela repose sur de fausses informations. Le projet était en cours depuis longtemps, comme je l’ai expliqué précédemment, depuis que Dennis et moi nous sommes rencontrés lors d’un des événements de la CAP des Ligues Européennes en 2019 et avons commencé à discuter de la nécessité de réformes. Gareth Farrelly, l’un des cofondateurs de l’UEC, et Dennis se sont rencontrés dans le cadre du programme MESGO à l’UEFA. William Martucci nous a rejoints en janvier 2023. L’UEC a rencontré La Liga pour la première fois en février 2023, 2 ans et demi après le début de notre initiative. Étant donné que l’UEC est née du forum CAP des Ligues Européennes, je suppose que La Liga était déjà au courant de notre projet. En fait, les Ligues Européennes, qui représentent 43 ligues en Europe, ont joué un rôle déterminant dans les premières étapes de notre développement car elles nous ont encouragés à poursuivre notre initiative. La Liga a simplement reconnu l’importance de notre projet et a proposé son aide, dont nous avions absolument besoin pour lancer officiellement l’organisation. D’autres ligues ont également apporté un soutien très actif. Ainsi, bien que nous soyons extrêmement reconnaissants envers La Liga d’avoir apporté son soutien à notre événement de lancement et à nos coûts opérationnels, ce n’est pas le projet de Javier Tebas, mais le fruit du travail acharné des cofondateurs de l’UEC. M. Tebas ne participe pas aux prises de décisions au sein de l’organisation, et nous ne recevons pas d’instructions de sa part. Si quelqu’un soupçonne le contraire, il est invité à nous soutenir de la même manière et à voir si cela lui donne des droits dans la direction de l’UEC.

Pour aborder la question de Nasser al Khelaifi, nous avons eu une réunion avec lui et avons également rencontré le PDG de l’ECA. Notre objectif est de travailler ensemble et de coopérer avec toutes les parties prenantes, y compris l’ECA, qui représente les clubs d’élite. Je comprends pourquoi certains médias aimeraient présenter l’UEC comme « une guerre » entre Tebas et Al Khelaifi, mais de tels articles ne respectent pas les nobles objectifs de l’organisation ni de ses cofondateurs qui n’ont pas reçu un seul centime en paiement pour leur travail acharné de plusieurs années. Nous ne sommes certainement pas arrivés jusqu’ici pour être utilisés comme un outil dans « la guerre » entre quiconque.

Enfin, où en êtes-vous dans le projet ? Quels sont les prochains délais et objectifs de l’Union à court, moyen et long terme ?

Nous sommes constitués en vertu des lois belges et avons des bureaux à Bruxelles. Nos statuts ont été rédigés il y a longtemps, car sans eux, nous ne pourrions pas nous constituer en tant qu’organisation. Après notre événement de lancement en avril, l’UEC est entrée dans la prochaine phase de développement et nous sommes maintenant concentrés sur le recrutement de membres. En mai, nous avons commencé à rassembler des membres et nous continuerons à le faire jusqu’à notre première Assemblée Générale prévue pour la fin de l’année. Par exemple, nous avons visité des clubs de nombreuses ligues en Europe et avons voyagé dans différents pays, y compris en Ukraine. Personne ne sera exclu de ce processus. 

Nous avons le potentiel de devenir l’acteur majeur du football européen et nous travaillons en ce sens. Lors de la première Assemblée Générale, nos membres éliront 11 clubs pour le Conseil Exécutif, qui assurera la direction stratégique de l’UEC. Le 1er juin, nous avons nommé un Conseil Intérimaire composé de six clubs pour guider l’UEC et contribuer aux idées de l’organisation lors de l’Assemblée Générale. Où irons-nous après l’Assemblée Générale ? Nous avons nos plans, y compris la formalisation de notre relation avec l’UEFA, mais nous sommes avant tout un syndicat dirigé par les clubs. Nous prendrons notre mandat auprès des clubs et du Conseil Exécutif.


ENGLISH VERSION

Katarina Pijetlovic is an Estonian lawyer, author of the book « EU Sports Law and Dissident Leagues in Football » and Professor at the Catholic University of Portugal and the Global School of Law in Lisbon. She is currently Secretary General of the European Club Union, a Brussels-based union whose aim is to represent the interests of all professional clubs that are insufficiently or not at all represented in existing European governance structures.

Dear Katarina. Could you briefly introduce yourself (personal and professional background)?

I am an Estonian academic and legal expert probably best known for my book on “EU Sports Law and Breakaway Leagues in Football”. I have two doctoral degrees in EU sports law from the University of Helsinki. My background is mostly academic, and I worked at universities across the globe, but always provided legal advice in the sports industry alongside my work at the university, mostly to football clubs and tennis players, mostly on a pro bono basis. I was a part of the Advisory Board of the Professional Tennis Players Association when it was set up by Novak Djokovic and Vasek Pospisil a couple of years ago. Right now, I work at Católica University Portugal, Global School of Law in Lisbon lecturing in Football Law and Regulation, Sports Law, and EU Competition Law, and I also serve as a General Secretary of the UEC. I used to play football in the Estonian First League, and I have played tennis since early childhood. 

You are, since a bit, General Secretary of the UEC (Union of European Clubs). Can you tell us more about the creation of this new union? How did the idea for this project come about? Why was it created, for whom and with what objectives? 

The UEC was in the making for well over two and a half years before the launch event on 24 April 2023 in Brussels. One of the UEC co-founders, Dennis Gudasic, CEO of Lokomotiva Zagreb, and I met in 2019 at a European Leagues’ event called Club Advisory Platform. I reached out to Dennis via LinkedIn at some point because during the event he made some great comments about the importance of small and medium sized clubs in the European ecosystem and how clubs need to stick together to project a unified voice to the governing bodies and other organisations. I contacted him to praise his comments that overlapped with my own observations, and the rest is history, as they say. The individual from the Irish club that I was representing at the time brought together a small group of people to work on this project and after about 2.5 years of laying down the groundwork and networking, we finally gathered enough support to launch the organisation. The idea behind the UEC is to represent the interests of all professional clubs that are inadequately or not at all represented in the existing European governance structures. That description fits some 90-95% of the professional clubs in Europe. The broad mission of the organisation is to reduce the concentration of power, which is now in the hands of a few elite clubs, by representing the interests of a vast majority of professional clubs in European football governance and to create a sustainable ecosystem in which those clubs can progress and thrive. 

Is the problem of governance in world soccer one of the reasons why the UEC was set up? What are your observations on the governance of European soccer?

Even though there is a connection between football governance at the global and continental level, the UEC is currently exclusively focused on improving European football governance structures and representation of interests of non-elite European clubs. There are over 1500 professional football clubs in Europe. Only about 330 of those clubs are members of the European Club Association due to their restrictive membership rules. Only 130 of those clubs have full voting rights. However, regardless of the power to vote for those 130 clubs, executive structures of ECA are set up to ensure that elite clubs occupy most of the main decision-making positions and are always able to obtain a majority. Latest reforms of the ECA are no more than window dressing with big clubs still able to remain firmly behind the wheel. This lack of democratic structures is the reason why the rules that currently govern European football are operating in favour of the elite clubs.

Why create another union, other than the ECA, which also represents European soccer clubs? What sets you apart from them?

We created a new union, precisely because 92% of the clubs don’t have a right to vote or to become members of ECA, and out of the voting members in ECA, only selected elite clubs have actual influence. This is the very source of many of the current issues that football faces related to, for example, competitive balance, financial sustainability, access to competitions, redistribution of revenues, solidarity, and many others. We want to change that and solve the problem at the source, focus on “curing the disease” rather than merely addressing its symptoms. Governance is the key to everything else. By contrast to ECA, the UEC is a union based on equality with its members. Any of our member clubs can become a candidate and be elected for the Executive Board by the UEC members. There is no hierarchy of membership in the UEC – voting rights are available to all regardless of size and wealth of the club as we operate on the one-club-one-vote principle. Our member clubs are not split into subdivisions and given different rights according to their wealth. Our Executive Board places are not reserved for elite clubs to ensure they can always obtain a majority in the decision-making process. Instead of representing the interests of elite members, the UEC represents the interests of all its members as apparent from our Statutes and democratic structures.

What is your relationship with UEFA? Do you have their approval?

We have met with UEFA on several occasions, formally and informally, and we keep them updated on our activities. We have made it very clear since the birth of our initiative that our goals are aligned with the principles set out by UEFA in “UEFA Strategy 2019-2024 – Together for the Future of Football”. We don’t believe that it was the intention of UEFA to create the distorted system of competitions that exists today. Unfortunately, the system has become heavily weighted in favour of the elite clubs because of the continual pressure on the governing body by those who represent the elite clubs’ interests. In that sense, we see ourselves as contributors to UEFA’s role as a governing body dedicated to equal opportunities, and as a buffer zone helping protect decision-making in UEFA from influence of private and purely financial interests. We respect and support UEFA’s central regulatory role and expect to engage with them in a more structured and formal fashion after our first General Assembly planned towards the end of the year. We are getting there fast as more and more members join the organisation every day.

Who are your current member clubs? And who supports your projects?

Our member clubs come from all over Europe and range from clubs in Big Five leagues to clubs in very small leagues. While the identity of our members will not be made public until the General Assembly at the end of the year, we have publicly announced our Interim Board consisting of six clubs – Lokomotiva Zagreb (Croatia), Bohemians (Ireland), Osasuna (Spain), Royale Union Saint-Gilloise (Belgium), Maccabi Natanya (Israel), and RFS (Latvia). There are many supporters of our project among the European football stakeholders, such as, for example, the European Leagues who are our ideological twins in terms of objectives. From the very start, we have recognised the importance of cooperation and developing cordial relationships with all the stakeholders. We also highly value the relationships we established with the EU institutions – their role in the football industry cannot be overstated. Vice-President of the European Commission, Mr Schinas, and Member of the European Parliament’s Sport Group, Mr Frankowski, delivered opening addresses at our launch event – both expressed a strong support for the organisation via their social media. Our objectives are completely aligned with the EU policy objectives in sport that are based on solidarity, equality of opportunities, access, representativeness, and other principles of good governance.

What is the UEC opinion of the project of Super League?

Super League was not an accident or a surprise, but an expected evolution from a distorted ecosystem forced by elite clubs, a result of decades of increasing gap between the best and the rest, and a result of rich clubs getting richer and bigger, and smaller clubs getting smaller and financially more dependent on the solidarity payouts. The closed Super League that was to resemble American-style sports leagues is actually not just damaging for the viability of the domestic leagues in Europe, but is also straightforwardly illegal under the EU competition laws. It was basically proposing to close the important part of the market in a cultural, legal, and social environment that is based on different laws and values. This is Europe, not America, and things are different here – this is what people behind the Super League project in A22 failed to grasp at the start. This is not to say that everything is great in European football, but Americanisation of European football is not the way to solve our problems. Super League would absorb the finite financial resources that exist in the market to the detriment of everyone else not part of the Super League project, in particular domestic leagues. When thinking about the development of football, the focus should not be entirely on how to make more and more money, but how to create a fairer and more balanced ecosystem with fair redistribution of the resources so that access to top sport doesn’t become only a privilege of the elite few. Why do the elite need more money really? Think about it… To be able to pay their millionaire players a few more millions for their fifth Ferrari and another yacht, or for the super-rich football agents to be able to receive even more cuts from ever-increasing transfer fees in football? Football is a big business, sure, but to take it to extremes and assign value only to the financial aspect is detrimental for a big majority of the clubs and domestic leagues. Greed by the elite has never created a fair and balanced society, and it cannot create a fair and balanced football ecosystem either. 

After the failed initial attempt, A22 that is behind the Super League project realised that their strategy was wrong on all fronts and installed a CEO with a task to change the narrative and public perception of the project. The project now advertises itself using different languages and emphasising open systems of competition, concern for the European football model, etc. But it is very obviously a wolf in sheep’s clothing. The very idea that the elitist clubs in the Super League project who invested a lot of effort over the past decades and brought about the destruction of opportunities for 95% of the European professional clubs, will now suddenly start caring about values of European football, small clubs, and communities, is absurd. They are pursuing an even bigger piece of pie for themselves and everything else is a smokescreen enabling them to get what they want. It is insulting to the intelligence of everyone to whom such PR messages are directed (football fans, policy and decision makers, etc).

Some media outlets indicate that Javier Tebas is behind the project in order to compete with ECA and its president Nasser al Khalaifi. What can you tell us?

It is only a click-bait media that is trying to create controversy where it doesn’t exist, and as usual, it is based on false facts. The project was in the making for a long time as I explained earlier, ever since Dennis and I met at one of the European Leagues CAP events in 2019 and started discussing the need for the reforms. Gareth Farrelly, one of the UEC co-founders, and Dennis met at the MESGO programme at UEFA. We were joined by William Martucci in January 2023. The UEC met with LaLiga for the first time in February 2023, 2.5 years after we started the initiative. Because the UEC was born out of the European Leagues CAP forum, I presume that LaLiga knew about our project even before. In fact, European Leagues, representing 43 leagues in Europe, were instrumental in the early stage of our development because they were very encouraging for us to pursue our initiative further. LaLiga merely recognised the significance of our project and offered help, which we definitely needed to formally launch the organisation. Some other leagues have also been very active in their support. So, while we are immensely grateful to LaLiga for coming through and providing support for our launch event and operating costs, this is not Javier Tebas’ project, but a product of the UEC co-founders and their hard work. Mr Tebas is not involved in the decision-making in the organisation, nor do we receive instructions from him. If anyone suspects differently, they are welcome to support us the same way and see if it buys them any rights in leading the UEC.

To address the question of Nasser al Khelaifi, we had a meeting with him and we also met with the CEO of ECA. It is our goal to work together and cooperate with all the stakeholders, including ECA that represents elite clubs. I understand why some media would like to portray the UEC as “a war” between Tebas and Al Khelaifi, but such reporting is not respectful of the noble goals of the organisation or their co-founders who have not received a single cent in payment for their years-long hard work. We have certainly not come all this way to be used as a tool in “the war” between anyone.

And finally, how far have you got with the project (association bylaws, members…)? What are the Union’s next deadlines and objectives in the short, medium and long term?

We are incorporated under the laws of Belgium and have offices in Brussels. Our Statutes have been drafted long ago as without them we would not be able to incorporate. After our launch event in April, the UEC entered the next phase of development and now we are focused on the membership drive. In May, we started gathering members and will continue doing so until the time of our first General Assembly that is planned for the end of the year. For example, we visited clubs from many leagues in Europe and travelled to different countries including Ukraine. Nobody will be left out of this process. We have a potential to become the largest stakeholder in European football and are working towards it. At the first General Assembly, our members will elect 11 clubs for the Executive Board to provide strategic leadership for the UEC. On 1 June, we appointed a six-club Interim Board to guide the UEC and contribute the ideas for the organisation to the General Assembly. Where will we go after the General Assembly? We have our plans, including formalising our relationship with UEFA, but we are first and foremost a club-led union, so we will take mandate from the clubs and the Executive Board.

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