Scandales dans les fédérations de rugby et de football, l’Agence Nationale du Sport (ANS) rattrapée par la Cour des comptes, crise interne au CNOSF… Le sport français traverse une crise importante à deux ans des Jeux Olympiques et Paralympiques de Paris 2024.
Le 3 octobre, la présidente du Comité National Olympique et Sportif Français (CNOSF), Brigitte Henriques, dépose plainte pour « violences psychologiques » contre l’ancien secrétaire général de l’instance, Didier Seminet. Une plainte ravivant les tensions déjà existantes au sein du Comité Olympique depuis le 12 septembre.
Pour rappel, le 12 septembre, Brigitte Henriques obtient l’éviction de Didier Seminet, lors d’un conseil d’administration réuni en session extraordinaire. Son éviction a été approuvée par 28 voix contre 17. C’est la première fois dans l’histoire du comité olympique français que le secrétaire général est poussé vers la sortie par le président de l’institution. La raison ? « Un conflit de projets, plus qu’un conflit de personnes », avait précisé le Conseil d’Administration.
Le CNOSF en pleine crise
Une semaine après son éviction du poste de secrétaire général, Dider Seminet explique dans une lettre adressée au CNOSF son licenciement. Il y dénonce le risque de « pensée unique » qui s’installe au sein de l’institution, avec le recrutement de nouvelles personnes issues essentiellement du monde de football.
« Il se trouve que la directrice générale recrutée travaillait pour la FIFA au moment de la Coupe du monde de football féminine organisée en France en 2019. Elle vient donc du monde du football, tout comme le directeur administratif et financier recruté qui est un ex-salarié de la FFF. N’était-ce pas de mon devoir de m’émouvoir de ces recrutements ciblés et du risque d’une certaine forme de pensée unique, pour ne pas dire culture unique, guide dorénavant l’action du CNOSF », souligne monsieur Séminet dans sa lettre.
Une manière de recruter qui en fin de compte montre les éventuelles limites structurelles du CNOSF, qui au-delà d’une crise interne vit une véritable crise existentielle. Une institution qui peine à s’affirmer face au Comité d’Organisation des Jeux Olympiques et Paralympiques (COJOP) ainsi qu’à l’Agence Nationale du Sport (ANS) qui s’impose de plus en plus dans le paysage sportif français.
Flou autour de l’Agence Nationale du Sport
La ligne n’est pas plus claire du côté de l’ANS. Dans un rapport intitulé « L’Agence nationale du sport et la nouvelle gouvernance du sport : des défis qui restent à relever », la Cour des Comptes invite l’institution, créée en avril 2019, à clarifier ses actions pour une plus grande « efficience » des politiques mises en œuvre. L’agence, dirigée par Claude Onesta, ancien entraîneur de l’équipe de France de handball, et chargée de la pratique du sport pour tous, est désormais considérée par certains comme un Ministère des Sports bis.
L’ANS est un groupe d’intérêt public. C’est-à-dire que son statut juridique lui permet d’être associé à la fois à l’Etat, au mouvement sportif, aux collectivités locales et au monde économique. Mais problème, si les crédits sont bien partagés entre l’ensemble de ces acteurs, seul l’État contribue au budget alors que les financements du secteur privé se font encore attendre. Un dysfonctionnement économique qui démontre un véritable flou autour de l’ANS pour de nombreuses personnes.
Scandales à la FFF
Une crise générale de la gouvernance du sport français qui s’étend également aux fédérations sportives et particulièrement à la Fédération Française de Football. Le 16 septembre dernier, Romain Molina, journaliste indépendant, publie une enquête explosive sur la FFF. Il rapporte que la fédération aurait tenté de dissimuler des cas d’abus sexuels pendant 40 ans. Des cas d’abus, mais aussi d’agressions et de harcèlement sexuels sur majeurs et mineurs qui n’auraient, dans la plupart des cas, jamais été signalés aux autorités. Angélique Roujas, responsable de la section féminine du centre de formation à Clairefontaine, a notamment été limogée après que la 3F eut appris qu’elle aurait eu des relations sexuelles avec mineures. Mais problème, cette dernière exerce encore aujourd’hui au club la Roche ESOF avec la section féminine des U19. Un cas parmi d’autres qui révèle une défaillance générale du système sportif dans la transmission des informations. Et ce ne sont pas les autres scandales qui entachent le sport tricolore – les affaires Pogba et Diallo, ou encore le rugby, dont tout l’exécutif est accusé de corruption avec le groupe Altrad qui vont redorer une image déjà bien écornée.