Interview Philippe Bru (projet ComPacte)

par | 21, Juil, 2021

Philippe Bru est le porteur du projet ComPacte, un complexe multisports durable réunissant entre autres vingt-cinq sports, des restaurants, un hôtel et une esplanade sur un même lieu. Fort de ses 32 années d’expériences à l’étranger et de son partenariat avec le Milan AC en Asie (Ouverture d’un Centre de Formation) Philippe propose aujourd’hui aux communes et collectivités françaises la construction d’un bassin économique sportif. Entretien.

Une fois les infrastructures financées, nous serons en mesure de proposer aux clubs professionnels partenaires, des semaines de mise au vert (ou de préparation estivale) avec plusieurs sports à disposition, un logement et une restauration sur place.

Philippe Bru sur le projet ComPacte

Bonjour. Pouvez-vous vous présenter en quelques mots dans un premier temps ?

Bonjour. Je suis Philippe Bru, le porteur de ce projet ComPacte. J’ai commencé par une carrière dans l’hôtellerie, ce qui m’a permis d’observer dans 6 pays différents plusieurs approches relatives au sport. En 1997, j’ai créé ma première entreprise à Hong Kong (négociant en vins). En parallèle de mon entreprise, j’ai décidé en 2006 de créer une association “Football for Life” et en 2007 “Cooking for Life” pour aider des enfants démunis. J’ai pu comprendre les problématiques de l’insertion, des personnes à mobilités réduites (PMR) et des quartiers défavorisés. En 2009, le Milan AC m’a demandé si j’étais intéressé pour leur ouvrir le premier centre de formation à Hong Kong. J’ai répondu favorablement et grâce à ce partenariat, des enfants privilégiés et démunis ont pu s’entraîner sous le même maillot. Avec ComPacte, je souhaite adopter la même stratégie. Avec le cabinet de conseil basé en Asie, j’ai rencontré beaucoup de propriétaires, des présidents de plusieurs clubs et sports différents. Cela m’a permis de me constituer un réseau.

Comment s’est développée l’idée de ComPacte ? 

Suite à mon partenariat avec le Milan AC et mon retour en France, j’ai eu l’opportunité d’échanger avec de nombreux acteurs du sport, de nombreux clubs français, de nombreuses mairies, collectivités ou acteurs politiques qui m’ont partagé leurs problématiques. Ce projet s’est donc créé comme un puzzle, au fil des discussions et problématiques rencontrées par les acteurs. Ce concept est le résultat de nombreuses réunions et d’études de marché approfondies. Cette idée s’est encore davantage concrétisée quand un Maire m’a donné son accord verbal pour la construction de ce projet sur une très belle parcelle.

Pouvez-vous nous dire quelques mots sur le projet ComPacte ? 

Ce complexe peut être construit sur une parcelle de 300 mètres sur 300 mètres, néanmoins le mot clé est l’adaptation. Dès lors, en fonction des besoins des communes / collectivités et de la place disponible, nous pouvons modifier le complexe multisports selon les attentes de chacun. En cela, je pense par exemple à l’utilité ou non de créer un stade de football et/ou de rugby s’il en existe dans les alentours.

L’objectif est de répondre à toutes les attentes possibles, celles de la vie commune mais aussi celles d’évènements plus importants et ponctuels. C’est pourquoi ce complexe réunissant initialement 25 sports est accompagné d’un hôtel, de restaurants, de bureaux avec l’assurance d’être en sécurité au sein du complexe. Dès lors, nous pourrions être amenés à répondre aux cahiers des charges des organisateurs de Jeux Olympiques, la Coupe du Monde de Rugby ou des fédérations. Ce concept pourrait également accueillir des clubs professionnels lors de semaines de pré-saisons ou des centres de formation de façon permanente par exemple.

Quels sont les aspects environnementaux du projet ? 

Le projet s’est construit sur une approche durable, nous aurons des panneaux végétalisés, des sols décarbonés, des panneaux solaires. De plus et en fonction des possibilités, nous aimerions faire fonctionner l’électricité des salles de sport grâce aux watts produits en pédalant. La possibilité de créer et d’exploiter une ferme pas loin du complexe est également envisageable, cela permettrait de favoriser les circuits courts pour les restaurants mais aussi d’alimenter autant que possible les cantines environnantes pour les enfants. 

Pouvez-vous nous parler des aspects sociaux du projet ?

Toutes nos infrastructures doivent avoir une approche PMR (Personnes à Mobilité Réduite), pour créer un lien entre le sport et la santé. À l’intérieur du complexe, il faut que les personnes en fauteuil roulant puissent se déplacer librement voire accéder à un suivi médical sur place. Ce projet offrira l’accès à des infrastructures pour les associations, personnes âgées, handicapées et quartiers défavorisés. Il sera également source d’emploi.

À qui s’adresse votre projet ? 

Mon projet s’adresse aux communes et collectivités qui sont propriétaires d’un patrimoine foncier et qui ont la vision de construire ce style de complexe multisports. 

Quels types de contrats pourriez-vous signer avec les mairies ?

Une fois la problématique de la disponibilité d’un terrain dont une commune / collectivité  serait à 100% propriétaire, il existe trois types de contrats envisageables. 

Premièrement, le bail emphytéotique administratif. C’est un contrat administratif par lequel une collectivité territoriale, propriétaire d’un bien immobilier faisant partie de son domaine privé ou public, confère à un tiers (une personne privée) le droit d’occuper ce bien pour une longue durée en vue de l’accomplissement, pour le compte de la collectivité, d’une mission de service public ou en vue de la réalisation d’une opération d’intérêt général. Le contrat porterait sur une durée de 18 à 99 ans et conférerait un droit de propriété à ComPact sur les constructions édifiées ainsi qu’un droit réel sur les biens donnés à bail.

Deuxièmement, le partenariat privé – public. C’est un contrat administratif par lequel une personne publique confie à un tiers une mission globale relative au financement d’investissements immatériels d’ouvrages ou d’équipements nécessaires au service public, à la construction ou à la transformation des ouvrages ou équipements, ainsi qu’à leur entretien, leur maintenance, leur exploitation ou leur gestion. L’avantage dans cette hypothèse est que ComPact assurerait le financement du projet et la collectivité rembourserait selon un échéancier déterminé.

Troisièmement, la concession de service public. Ce contrat charge un particulier ou une société d’exécuter un ouvrage public ou d’assurer un service public à ses frais, avec ou sans subvention et que l’on rémunère en lui confiant l’exploitation de l’ouvrage public ou l’exécution du service public avec le droit de percevoir des redevances sur les usagers de l’ouvrage ou sur ceux qui bénéficient du service public. ComPacte louerait ainsi le terrain et se rémunérerait sur les revenus de l’exploitation mais supporterait l’investissement lié à la construction, à l’exploitation du stade, ainsi que son entretien.

À ce titre, nous assumerions toutes les conséquences financières, la commune / collectivité ne supporterait alors aucun risque financier.

Au sein du complexe sportif, quels types de contrats pourriez vous signer en ce qui concerne les infrastructures ? 

Tout d’abord, tout dépendra si la commune ou collectivité souhaite s’impliquer ou pas dans le projet. Il est tout à fait possible qu’une collectivité puisse entrer au capital d’une société privée. Ensuite, si nous adoptons le modèle de concession, nous avons dès à présent des mécènes, philanthropes, banques ou fonds de tourisme qui sont verbalement intéressés. 

Au niveau des infrastructures il y a deux possibilités, je prendrais l’exemple de l’escalade. Soit nous finançons la salle d’escalade à hauteur d’1,5 millions d’euros ainsi que le produit (murs d’escalade) à hauteur de 800.000 euros. Soit on signe avec un grand nom de l’escalade qui a déjà des concepts en place pour une durée déterminée. Celui-ci louerait la salle, financerait le produit et la gérerait. Il retirait ainsi tout le bénéfice de l’exploitation. Il faut savoir qu’en moyenne un grand concept d’escalade peut attirer entre 25.000 et 100.000 entrées par an. L’objectif est de proposer les deux, dès que nous dépassons un certain nombre d’adhérents, il est important que ce soit des professionnels du sport qui gèrent les salles. 

Quelles prestations êtes vous en mesure de proposer aux clubs professionnels ? 

Une fois les infrastructures financées, nous serons en mesure de proposer aux clubs professionnels partenaires des semaines de mise au vert (ou de préparation estivale) avec plusieurs sports à disposition, un logement et une restauration sur place. L’objectif est qu’en multipliant le nombre de projets, ceux-ci pourraient alterner entre les complexes sur le territoire ainsi qu’à l’étranger.

Notre complexe aura également la faculté d’accueillir de façon permanente les centres d’entraînement des clubs professionnels.

Pourriez-vous nous donner des détails sur la concrétisation du projet ? 

Tout d’abord j’ai sécurisé l’idée du projet, protégé le nom en France et à l’étranger auprès de l’Institut National de la Propriété Intellectuelle. D’un point de vue des chiffres, il faudra environ 50 millions et 3 ans pour construire de A à Z un complexe ComPacte. Après un an de fonctionnement et hors situation exceptionnelle (Covid), nous estimons un chiffre d’affaires d’environ 12 millions d’euros. 

Avez-vous rencontré des problématiques relatives à la mise en place du projet ?

Tout d’abord notre projet ne peut se faire qu’à la seule condition que la collectivité soit à 100% propriétaire du foncier, les procédures d’expropriation étant très longues. Ensuite, après avoir consulté de nombreux maires, le ministère des sports, l’agence nationale du sport, France urbaine, tous sont contraints par l’impossibilité de promouvoir le projet à raison des lois contre toute corruption. Je comprends tout à fait la logique. Néanmoins, je suis obligé de constater que malgré leurs retours positifs, c’est à moi seul de promouvoir mon projet en allant toquer à chaque porte.

Quelles sont vos ambitions futures relatives à ComPacte ?

Tout d’abord j’espère concrétiser ce projet rapidement avec une Mairie. La vision est de potentiellement ouvrir plusieurs complexes en France. Pour toutes informations supplémentaires, vous pouvez joindre Philippe Bru et son équipe à l’adresse mail suivante :  cosidisc2024@gmail.com

Nos dernières publications

Paris Arbitration Week 2024 – Discussion organisée par K&L Gates avec le Centre de Règlement des Différends Sportifs du Canada et la Chaire de recherche sur la sécurité et l’intégrité dans le sport de l’Université Laval (Québec)

Paris Arbitration Week 2024 – Discussion organisée par K&L Gates avec le Centre de Règlement des Différends Sportifs du Canada et la Chaire de recherche sur la sécurité et l’intégrité dans le sport de l’Université Laval (Québec)

Il y a déjà deux ans, Jurisportiva vous présentait le Centre de Règlement des Différends Sportifs du Canada (CRDSC)[1], institution unique offrant au contentieux sportif amateur des solutions amiables et adaptées. À l’occasion de la Paris Arbitration Week 2024, le...

La lutte antidopage en France

La lutte antidopage en France

Le sport en France, au-delà de sa dimension ludique et compétitive, reflète des valeurs de dépassement de soi, de fair-play et d'intégrité. Toutefois, l'ombre du dopage plane sur ces principes fondamentaux, menaçant l'éthique sportive et la santé des athlètes. Face à...