Rencontre avec Pierre-Henri Deballon, entrepreneur dans l’âme et co-fondateur en 2008 de Weezevent. Pour Jurisportiva, il raconte les origines de Weezevent qui a récemment fêté le million d’évènements sur sa plateforme, l’importance d’une billetterie bien dimensionnée (entre autres dans l’industrie du sport), tout en nous livrant également quelques pistes concernant l’avenir de la billetterie. Il présente enfin son rôle au sein de Paris&Co, notamment au sein de la branche sport. Entretien.
Bonjour Monsieur, pourriez-vous tout d’abord vous présenter en quelques mots, notamment votre parcours jusqu’à la création de WEEZEVENT ?
Bonjour, je suis Pierre-Henri Deballon, l’un des cofondateurs de WEEZEVENT. J’ai effectué des études en économie du sport à l’Université Paris Dauphine, et j’ai aussi été joueur avec le statut semi-professionnel au handball dans un club de D2.
En 2008, nous avons créé, avec Yann Pagès et Sébastien Tonglet, WEEZEVENT, que je dirige aujourd’hui en tant que CEO. Je gère notamment la stratégie de l’entreprise.
Qu’est-ce qui vous a mené à l’entrepreneuriat ?
Beaucoup de choses m’ont mené à l’entrepreneuriat mais je dirais notamment le fait que je sois né dans une famille d’entrepreneurs, qui m’a transmis cette fibre depuis ma plus jeune enfance. Cela colle également assez bien avec mon caractère. Un peu d’inné et un peu d’acquis donc (rires). J’ai toujours été meneur dans ce que je faisais, même plus jeune avec mes copains, je voulais absolument choisir le jeu auquel on allait jouer.
Vous êtes le co-fondateur de WEEZEVENT, pourriez-vous nous en dire quelques mots ?
WEEZEVENT est une société française créée en 2008 qui fournit notamment des technologies aux organisateurs d’évènements et plus particulièrement des clubs qui leurs permettent de jouer 4 grands aspects de leurs opérations :
- Des solutions billetterie pour leur permettre de vendre le plus de billets possibles et de remplir leur enceinte sportive ;
- Des solutions de contrôle d’accès qui permettent de s’assurer qu’il y ai un accueil fluide et sécurisé pendant l’événement ;
- Des solutions de paiement pour le merchandising et le food/beverage ;
- Des solutions de communication pour les aider à communiquer avec leur communauté.
Nous accompagnons notamment des clients comme le Paris Saint-Germain sur le paiement et cashless au Parc des Princes, le Grand Prix de Formule 1 du Mexique, les 24h du Mans, et beaucoup de clubs de rugby, de football en Ligue 1 et Ligue 2, mais également des clubs de handball ou de volley, masculins comme féminins.
“Une billetterie en ligne bien dimensionnée et implémentée aux autres outils digitaux du club constitue alors un puissant levier de croissance économique”. Que pensez-vous de ce constat fait par Anthony Alyce du média Ecofoot? Dans quelles mesures la dématérialisation de la billetterie est essentielle pour un club sportif ?
Selon moi, aujourd’hui, presque tout est dématérialisé. Même s’il y a toujours de la vente aux guichets en physique car il y a un public habitué, un petit peu plus ancien. Il y a aussi les abonnements annuels des clubs qui ne sont pas toujours dématérialisés. En revanche, pour la billetterie sèche, on est quasi uniquement sur du dématérialisé, ce sera envoyé par e-mail sous un format pdf, intégrable dans le wallet du téléphone. Il arrive aussi que certains spectateurs rematérialisent leur billet en préférant imprimer les tickets.
Pourquoi selon vous, une billetterie bien dimensionnée peut devenir un bon levier de croissance économique ?
Je ne suis pas complètement convaincu que ça puisse être un bon levier de croissance économique. Je suis certain que ça peut optimiser les revenus mais ce qui détermine la réussite de l’évènement ce sera la qualité de l’offre avant tout. Si demain n’importe qui est responsable de la commercialisation de la finale de coupe du monde de rugby avec la France en finale, le seul sujet ne sera pas de savoir si les places seront vendues car elles le seront toutes. Ce sera davantage en termes d’expérience client. En revanche, quand vous n’êtes pas sold out, avoir une billetterie dématérialisée permet nettement d’optimiser. Le fait d’être propriétaire de votre base de donnée, d’avoir des statistiques accessibles en un clic, de pouvoir choisir tous les gens qui étaient venu voir l’événement l’an passé… Toutes ces données permettront d’être plus efficaces et de perdre moins de temps, d’avoir des données claires sur les fans tout en optimisant le taux de remplissage de son stade.
En ce sens, la billetterie qui est le premier point de contact, le tunnel d’achat doit être la mieux implémenter possible. L’ADN de WEEZEVENT, c’est d’avoir développé ce genre d’outils techniques qui peuvent paraître simple mais qui en réalité sont relativement complexes et qui permettent à des opérateurs qui ne sont pas des techniciens informatiques mais plutôt des personnes qui travaillent dans le marketing d’avoir la main pour pouvoir créer des opérations puissantes en quelques clics. C’est l’une des raisons du succès de WEEZEVENT qui a d’ailleurs récemment dépassé le million d’événements.
WEEZEVENT participera t-il d’une manière ou d’une autre aux JO 2024?
Oui, et il y a encore des appels d’offres en cours sur lesquels on est finaliste, notamment pour la cérémonie d’ouverture des JO afin de gérer tout le contrôle d’accès et le contrôle des pass d’accès gratuits sur les quais de seine. On a de bonnes chances d’être retenu.
On va également s’occuper de la fan zone de l’équipe de France, où on gérera tous les paiements du club France. On a aussi d’autres clubs pour d’autres pays pour lesquels on interviendra.
Le fiasco de la finale de Ligue des Champions l’an dernier au Stade de France a démontré des lacunes dans le système actuel de billetterie. Quel est selon vous l’avenir de la billetterie sportive ? Les NFT sont-ils une piste pour la suite ?
La lecture que beaucoup ont eu c’était de dire que la solution était défaillante alors qu’en réalité c’est davantage l’organisation que la solution technologique de vente de billets et de contrôle d’accès. Mon point de vue est que cela aurait pu être évité par une meilleure gestion de la foule et une meilleure organisation de manière générale.
Il y a eu à la suite de cet évènement beaucoup de spéculations sur l’avenir de la billetterie sportive, notamment une totale dématérialisation de la billetterie via des NFT. Pour être honnête, je pense qu’aujourd’hui, on en est encore un peu loin. Certaines personnes n’ont pas de téléphone portable, certes c’est rare mais cela peut arriver. Il y a aussi une problématique de batterie, de réseau lorsque vous êtes à l’étranger, vous n’avez pas toujours de connexion et lorsque vous en avez, vous êtes en itinérance ce qui réduit la batterie. Lors d’une expérience test faite au Stade de France pour le concert d’Ed Sheeran, il y a tout de même eu entre 2 et 4 % de litige ce qui revient à 2000/3000 personnes tout de même sur une échelle de 80 000 spectateurs.
C’est là où la technologie n’a pas réponse à tout, pour l’instant en tout cas. Il y a déjà des technologies existantes, apprenons à utiliser celles-là avant de vouloir d’autres nouvelles. C’est l’une des réponses de WEEZEVENT à ces problématiques, la technologie oui mais avec de l’humain. Nous avons des collaborateurs sur le terrain en support de cette technologie.
Vous êtes également Président non exécutif de Paris & Co Sport. Comment à débuté votre aventure là-bas? Pouvez-vous présenter brièvement l’entreprise, son objet ?
C’est une association qui regroupe plusieurs incubateurs dans la food tech, le tourisme, le retail et le sport évidemment… WEEZEVENT a été incubé chez Paris&CO. Par la suite, je me suis investi là-bas pour essayer de rendre la pareille. J’en suis devenu administrateur et aujourd’hui Président. Au sein de Paris&Co, il y a plusieurs pôles d’innovations sectoriels. Dans le sport, il s’agit du Tremplin (basé au Stade Jean Bouin) et qui est l’une des références de la sport tech. Ce fut le premier incubateur mondial à se positionner sur des solutions pour l’univers du sport, que cela soit des clubs, des équipementiers, des détenteurs de droits ou encore des sportifs et amener de l’innovation sous plusieurs formes. Cela a permis de regrouper un certain nombre d’entrepreneurs talentueux.
Il y a cette puissance du sport, attractive et intéressante pour les entrepreneurs. D’où l’intérêt d’avoir une plateforme comme Paris&Co pour les accompagner au mieux.
Quelles sont vos missions là-bas ?
Je suis bénévole et Président du Conseil d’Administration. Mon rôle est de m’assurer que Paris&Co accompagne de la meilleure manière possible les entrepreneurs, et aussi de vérifier que ces entreprises aient un impact positif pour Paris et sa métropole.
Quels sont les objectifs à court, moyen et long terme de Paris & Co Sport ?
Continuer à rester ce phare, ce repère pour les acteurs de l’univers tout en arrivant à pérenniser notre association car notre modèle, aussi atypique qu’il soit, repose sur du financement public et une participation des startups et des grands groupes.