Interview de Gary Florimont (basketball)

par | 27, Avr, 2021

Gary Florimont figure parmi les joueurs les plus expérimentés du circuit avec quinze saisons, entre la Jeep Elite et la Pro B. Formé à Cholet, l’intérieur français est passé par Poitiers, Nantes, Charleville-Mézières, Evreux, Rouen, Châlons-Reims, Nancy et Paris Basket avant de s’engager avec Orléans l’été dernier. Jurisportiva a décidé d’aller à la rencontre de Gary. Au cours de l’interview, ce dernier s’exprime notamment sur son histoire d’amour avec le basket, sa vision des valeurs dans le sport mais le pivot nous livre aussi ses impressions sur sa terrible blessure au tendon d’Achille en décembre 2016, ses projets de reconversion ou encore son rôle « d’ancien » auprès des plus jeunes.

« Ma blessure m’a permis de me découvrir autrement »

Gary Florimont

Pourquoi le basket ? Quel est votre premier souvenir « balle à la main » ?

Dans ma famille, le sport et plus particulièrement le basketball, c’est quelque chose de sacré. C’est donc tout naturellement que je me suis orienté vers le basket. J’ai commencé véritablement en Guadeloupe à l’âge de 12 ans, cela peut paraître assez tard mais j’avais quelques problèmes de santé, j’étais asthmatique.

Mes premiers moments au basketball, je ne suis pas sûr de m’en souvenir mais en tout cas, le premier ballon que j’ai reçu, c’est mon père qui me l’avait offert. Ça, je m’en souviens très bien, c’était un ballon des « Chicago Bulls ».

Une icône dans le basketball qui vous a inspiré ?

Il n’ y a pas de personnalités qui m’ont vraiment inspiré mais disons qu’il y a des joueurs dont je suis particulièrement fan, comme Hakeem Olajuwon (joueur emblématique des Houston Rockets). J’ai toujours aimé son style de jeu, c’est un grand gabarit super technique, pour l’époque il avait déjà révolutionné son poste de jeu. 

Quel est précisément votre poste sur le terrain? Quels seraient vos atouts et vos faiblesses?

Je suis pivot/ailier fort. Je dirais que mes forces sont notamment ma force physique, mon habileté à 4,5 mètres du panier, ma bonne défense et mon implication pour l’équipe. Mentalement, je sais faire preuve d’abnégation, je n’abandonne jamais. Au niveau des faiblesses, j’aurais pu sûrement travailler davantage mon jeu face et dos au panier. Je pense aussi que j’aurais pu être un meilleur scoreur que défenseur dans ma carrière. Malheureusement, j’arrive à un stade de ma carrière où cela devient compliqué de travailler sur certaines choses.

Les valeurs dans le sport, et notamment dans le basketball, vous inspirent-elles?

Bien sûr, si j’en ai fait mon travail c’est que cela m’inspire. Le sport est un domaine où l’on fait preuve de beaucoup d’abnégation et de résilience, il faut se challenger constamment. On ne peut pas tricher avec soi-même. Dans le sport, il n’y a pas de place pour les « classes sociales », les cultures, les origines…Tout le monde est là pour le même objectif et c’est ça qui est beau. Le sport est, à mon sens, l’un des seuls vecteurs capables de rassembler autant de monde d’origines différentes.

Pouvez-vous faire un bref retour sur votre carrière?

J’ai joué dans beaucoup de clubs. J’ai été formé à Cholet Basket, j’ai aussi joué à Poitiers, où j’ai gagné le championnat. C’était exceptionnel car c’était lors de mes premières années en tant que professionnel. Ça m’a donné le goût de la victoire, avec l’esprit d’équipe. J’évoluais dans un super groupe. J’ai essayé de rechercher cet esprit là toute ma carrière. Après, j’ai joué à Nantes, puis à Charleville-Mézières où, de même, il y avait un super groupe sur le papier, il y avait une osmose et une complicité sur le terrain et avec les supporters. Ce sont des années riches en émotion que je n’oublierai jamais.

Par la suite, j’ai joué pour Rouen, où sportivement c’était un peu plus difficile mais où j’ai fait de super rencontres humaines. À Rouen, en tant que leader de l’équipe, j’ai pu développer un certain nombre de qualités malgré des résultats sportifs moyens.

Je me suis ensuite retrouvé à Châlons Reims, en première division. J’ai passé deux années intéressantes, j’ai beaucoup progressé individuellement car je côtoyais des joueurs avec des parcours intéressants et un potentiel énorme. Je me suis ensuite orienté vers le club de Nancy, un club très coté à l’époque. Malheureusement, avec ce groupe on a eu une saison collective très compliquée qui s’est soldée par une grave blessure pour moi. Je me suis rompu le tendon d’Achille en 2016. Le club avait été rétrogradé en deuxième division, je suis resté là-bas mais j’ai à nouveau connu une saison difficile, avec peu de temps de jeu et un retour de blessure compliqué. Paradoxalement, c’était une super année car avec ma blessure, j’ai pris le temps de découvrir qui j’étais. Malgré le fait que je ne m’entendais pas et ne partageais pas du tout les mêmes valeurs avec mon entraîneur à Nancy, cela m’a permis de trouver des ressources en moi pour me sortir de situations compliquées. Enfin, j’ai rejoint le Paris Basket, un jeune club avec un super projet, qui m’a permis de me relancer. J’ai eu l’occasion de pouvoir conseiller le groupe, apporter mon expérience et mettre en avant les valeurs humaines qu’on m’avait inculquées. Après 2 ans à Paris, j’ai rejoint en 2020 le club d’Orléans pour poursuivre ma carrière.

Votre plus beau souvenir sportif?

Sportivement, mes meilleurs souvenirs sont mes années en centre de formation à Cholet. Rien n’est comparable. J’ai fait des rencontres avec des joueurs d’horizons différents, j’ai façonné mon style de jeu là-bas. Il y avait énormément de concurrence mais c’était une concurrence saine que je n’ai jamais pu retrouver par la suite. C’est simplement des gamins qui ont tous le même rêve. Les amis que j’ai rencontré là-bas sont mes amis d’aujourd’hui. On a vécu beaucoup de choses fortes, entre succès et déceptions, mais toujours avec de l’entraide.

Sentez-vous une réelle différence de niveau entre la ProB et la ProA ?

En Pro B, l’idée c’est que tout le monde souhaite rejoindre la Pro A. Pour cela, il faut être un peu de tout, un peu « scoreur », un peu « défenseur ». En Pro A, on peut tout à fait faire une carrière en étant spécialiste, et justement les équipes cherchent un vrai équilibre à ce niveau. Je dirais que c’est donc beaucoup plus simple de se faire sa place une fois en Pro A que de devoir développer maintes compétences et techniques en Pro B avec pour ambition de rejoindre le niveau d’au-dessus.

Vous avez été capitaine du Paris Basket, était-ce important pour vous de transmettre vos valeurs et votre expérience dans le basketball ?

Important, oui et non car même si on ne m’avait pas proposé d’être capitaine, j’aurais tout de même transmis tout cela. Cela fait partie de moi, le partage. J’ai aussi été jeune, et je sais que c’est important de recevoir des conseils des « anciens », par exemple sur la place de la reconversion dans la carrière, de la gestion financière de sa carrière, etc. Une carrière se construit sur et hors du terrain. L’idée est de mettre en place les choses le plus vite possible pour vivre sa carrière pleinement et librement. 

Quels sont vos objectifs à terme avec Orléans?

C’est simple, je souhaitais rejoindre la Jeep Elite (Pro A). Je rejoins un groupe qui vivait très bien les dernières années mais qui a connu beaucoup de pertes dans l’équipe. Il y a un véritable défi de créer un collectif en osmose pour donner du plaisir aux supporters et être efficaces sur le terrain. A mon âge, j’ai conscience de ce que je peux apporter dans un groupe : mon objectif c’est de gagner des matchs et de partager des émotions et des choses fortes.

Des idées de reconversion?

Je n’ai pas d’idée de reconversion précise en tête. Un sportif est une personne qui a vécu « hors des sentiers battus », notre carrière est rythmée par des CDD. On ne sait jamais, d’une année à une autre, ce qu’on fera par la suite. Certaines personnes ont besoin de suivre un schéma tracé, moi le premier, mais disons que je vis au jour le jour et je ne me ferme aucune opportunité. Pour l’heure, j’étudie et suis une formation à l’EM Lyon. Je prépare doucement une reconversion mais je me laisse la possibilité d’évoluer encore dans mes souhaits de reconversion. Je connais le Gary Florimont du Basket mais pas encore le Gary Florimont de demain en entreprise, ou dans d’autres structures.

Quels conseils donneriez-vous aux jeunes basketteurs?

Ne jamais oublier que c’est un jeu, et cela vaut pour tous les sportifs. On a tendance à trop mettre de pression. Il faut prendre du plaisir, c’est primordial. Ce plaisir rendra simple beaucoup de choses qui paraissent complexes.

Crédit photo : L’Est Républicain

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