La réforme FIFA sur les prêts de joueurs

par | 24, Jan, 2022

Annoncée depuis plusieurs mois déjà suite à une décision de la Commission des Acteurs du Football, la FIFA a publié le jeudi 20 janvier 2022, les détails de sa réforme sur la réglementation des prêts de joueurs.

Pour rappel, le prêt est une pratique qui consiste pour un club professionnel à mettre à disposition l’un de ses joueurs à disposition d’un autre club via des conditions financières et une durée déterminée (généralement une saison). 

Ce nouveau règlement, qui devrait entrer en vigueur le 1er juillet 2022 sous réserve que le Conseil de la FIFA donne son approbation lors de sa prochaine séance, a pour but d’encadrer cette pratique qui a pu donner lieu à de nombreux excès. 

Certains clubs ont ainsi pu accumuler les joueurs, souvent jeunes, dans leur effectif et les prêter durant plusieurs saisons en espérant que leur valeur sur le marché des transferts augmente et ainsi réaliser une plus-value en les transférant.

Une pratique spéculative dangereuse pour le développement des jeunes joueurs et l’équilibre compétitif selon la FIFA.

Certains exemples viennent en effet souligner l’incohérence de cette pratique :

Transféré en janvier 2012 pour 7,5 millions d’euros depuis le club de Sao Paulo, le joueur brésilien Lucas Piazon est resté sous contrat avec Chelsea FC durant 9 ans, avec seulement 3 matchs disputés sous le maillot des Blues. Il aura fait l’objet de 7 opérations de prêt en tout, avant de rejoindre le club portugais de Braga en janvier 2021. 

Le club londonien est assez coutumier de cette pratique puisqu’il ne compte pas moins de 21 joueurs actuellement prêtés dans des clubs tiers. Parmi eux, certains le sont depuis plusieurs fois déjà, comme l’international français Tiemoué Bakayoko ou encore l’attaquant belge Michy Batshuayi.

Pour éviter que ce genre de cas se répète trop souvent, la FIFA a mis en place un certain nombre de mesures :

  • L’obligation d’élaborer un accord écrit précisant les conditions du prêt, notamment sa durée et les conditions financières 
  • Une durée de prêt minimale, correspondant à celle comprise entre deux périodes d’enregistrement, et une durée maximale (d’un an) 
  • L’interdiction de sous-prêter un joueur professionnel à un club tiers
  • Une limite quant au nombre de prêts liant deux clubs chaque saison – un club peut accueillir simultanément un maximum de trois joueurs professionnels en prêt depuis un même club au cours d’une saison, cette restriction s’appliquant aussi au nombre de joueurs qu’un club peut prêter à un même club
  • Une limite quant au nombre total de prêts que peut effectuer un club chaque saison – pour garantir une bonne mise en œuvre, une période de transition est prévue comme suit :
    • du 1er juillet 2022 au 30 juin 2023, un club pourra céder en prêt un maximum de huit joueurs professionnels et accueillir un maximum de huit joueurs en prêt à tout moment au cours d’une même saison
    • du 1er juillet 2023 au 30 juin 2024, la même configuration s’appliquera, mais avec un maximum de sept joueurs
    • à compter du 1er juillet 2024, la même configuration s’appliquera, mais avec un maximum de six joueurs

Une limitation du nombre de prêts entre clubs est ainsi instaurée. Elle vise à limiter le phénomène de clubs “satellites”, souvent présent dans un championnat étranger, partageant parfois le même propriétaire, et recevant en prêt des joueurs d’un grand club pour les faire progresser, parfois en échange d’une contrepartie financière. C’est par exemple le cas du Cercles Bruges, club belge lié à l’AS Monaco qui a envoyé et y envoie encore de nombreux joueurs en prêt.

Toutefois, une exception de taille est prévue par la FIFA : ces limitations ne concernent pas les joueurs âgés de 21 ans ou moins et les joueurs formés au club (ayant passé 3 saisons au club entre ses 15 et 21 ans selon l’UEFA).

Pour reprendre l’exemple de Chelsea, sur les 21 joueurs prêtés, seuls 6 d’entre eux seraient concernés par cette limitation. 

Un pas en avant, deux pas en arrière? De bon droit, il est ainsi légitime de se demander si cette exception ne vient pas ternir cette nouvelle règle qui était pourtant bienvenue. 

Nos dernières publications

Paris Arbitration Week 2024 – Discussion organisée par K&L Gates avec le Centre de Règlement des Différends Sportifs du Canada et la Chaire de recherche sur la sécurité et l’intégrité dans le sport de l’Université Laval (Québec)

Paris Arbitration Week 2024 – Discussion organisée par K&L Gates avec le Centre de Règlement des Différends Sportifs du Canada et la Chaire de recherche sur la sécurité et l’intégrité dans le sport de l’Université Laval (Québec)

Il y a déjà deux ans, Jurisportiva vous présentait le Centre de Règlement des Différends Sportifs du Canada (CRDSC)[1], institution unique offrant au contentieux sportif amateur des solutions amiables et adaptées. À l’occasion de la Paris Arbitration Week 2024, le...

La lutte antidopage en France

La lutte antidopage en France

Le sport en France, au-delà de sa dimension ludique et compétitive, reflète des valeurs de dépassement de soi, de fair-play et d'intégrité. Toutefois, l'ombre du dopage plane sur ces principes fondamentaux, menaçant l'éthique sportive et la santé des athlètes. Face à...