La longue épopée judiciaire du « Docteur Mabuse » du cyclisme

par | 20, Jan, 2022

Bernard Sainz, alias le « Docteur Mabuse » du cyclisme, a été condamné lundi 17 janvier 2022, par le Tribunal Judiciaire de Paris, à un an de détention à domicile sous surveillance électronique pour “exercice illégal de la médecine et de la pharmacie” et “aide ou incitation à l’utilisation de substances ou méthodes interdites dans le cadre d’une manifestation sportive” , et cela en état de récidive.

Il a également été condamné à cinq ans d’interdiction de professions en lien avec le secteur de la santé et du sport. Il doit, en sus, payer des amendes d’un montant total de 41.500 euros à la Fédération Française de Cyclisme (FFC), à l’Ordre des Médecins et à l’Ordre des Pharmaciens.

Bernard Sainz entend faire appel du jugement. Son avocat Me Hector Bernardini a déclaré “Sur le volet dopage, mon client est condamné sur de la spéculation et de l’interprétation”.

Retour sur une saga judiciaire 

Ancien coureur cycliste amateur, âgé de 78 ans, Bernard Sainz a toujours alterné entre les milieux du cyclisme et des courses hippiques. Reconverti “naturopathe”, il est connu de la justice, multirécidiviste, et a plusieurs fois été incarcéré dans diverses procédures. 

Son nom apparaît pour la première fois en 1986 dans l’affaire du trafic des amphétamines, aussi appelée les « Six Jours de Bercy » où il bénéficie finalement d’un non-lieu. 

En 1999, l’homéopathe est mis en examen pour « exercice illégal de la médecine » et écroué pendant deux mois avant d’être placé sous contrôle judiciaire. Il est aussi astreint à ne plus pouvoir rencontrer des sportifs et est interdit de sortie du territoire français. 

Pour cette affaire datant de 1999, il est reconnu coupable, en avril 2008 et condamné à trois ans de prison, dont 18 mois ferme. La Cour d’appel de Paris, en mars 2010, réduit sa peine à deux ans de prison, dont un an ferme. Cet arrêt est partiellement cassé par la Cour de cassation en juin 2011. L’affaire est renvoyée devant la Cour d’appel de Paris.

En 2002, Bernard Sainz est arrêté pour excès de vitesse en Belgique. Des produits dopants sont découverts dans son coffre. Il avoue être allé chez le coureur cycliste belge Frank Vandenbroucke, chez qui la police découvrira plusieurs substances dopantes interdites. De retour en France, il est écroué un mois pour non-respect du contrôle judiciaire.

3 années plus tard, le 16 juin 2005, il est une fois encore mis en examen dans une enquête relevant du dopage de chevaux de course. Deux non-lieux sont prononcés en 2010 par le juge d’instruction d’Alençon.

Sa peine est réduite en février 2013 par la Cour d’appel de Caen, puisqu’il n’encourt plus la moindre peine de prison, mais seulement 3 000 euros d’amende pour exercice illégal de la profession de médecin et travail dissimulé.

Le 30 septembre 2014 dans un jugement prononcé par la Cour d’Appel de Paris, Bernard Sainz est reconnu coupable du délit de détention de Diprostène, Syncortyl, Proviron, testostérone et de corticoïdes. Pour ces faits, ainsi que pour “l’aide et incitation à l’usage de produits dopants”,”l’exercice illégal de la profession de médecin”, il est condamné à 2 ans de prison dont 20 mois avec sursis. Bernard Sainz dépose à ce titre un deuxième pourvoi en cassation, que la Cour de Cassation déclare irrecevable, le 13 octobre 2015.

Le 13 avril 2016, il introduit un recours par-devant la Cour Européenne des Droits de l’Homme (CEDH) afin de contester ladite irrecevabilité, et faire condamner l’État Français sur le fondement de faux et usage de faux en écriture publique.

Le 5 septembre 2017, il est à nouveau condamné, cette fois-ci à neuf mois de prison ferme et 20 000 euros d’amende pour incitation au dopage dans le monde du cyclisme amateur et semi-professionnel. Le 27 février 2019, sa peine est allégée à douze mois avec sursis et 2 000 euros d’amende en appel. Un pourvoi en cassation a été formé. La peine a été confirmée le 3 septembre 2020 devant la chambre criminelle de la Cour de cassation.

Finalement, il est condamné le 17 janvier 2022 à un an détention à domicile (sous surveillance électronique” pour récidive “d’exercice illégal de la médecine et de la pharmacie” et “aide ou incitation à l’utilisation de substances ou méthodes interdites dans le cadre d’une manifestation sportive”. Un appel sera prochainement formé d’après la défense.

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