Voici l'interview de Louis Soris, avocat au Barreau de Paris. A travers celle-ci, Maître Soris me livre notamment les tenants et aboutissants de sa transition en droit du sport au sein de son cabinet « SORIS AVOCATS ». Lors de cet échange, celui-ci m'a également confié son projet d'accompagnement de sportifs, de clubs ou encore d'associations sportives : projet auquel je suis fier de participer. Je tiens à le remercier pour sa contribution à "Jurisportiva".
Mon objectif est clair : je souhaite continuer à accompagner les talents et être le compagnon stratège de tous ceux qui souhaitent durer et optimiser leurs carrières.
Bonjour Louis. Peux-tu dans un premier temps te présenter ?
Je suis avocat au Barreau de Paris depuis plus de trois ans. Je suis originaire du nord de la France, et après avoir fait une partie de mes études à Lille, j’ai complété mon cursus universitaire en droit des affaires à l’Université de Paris 1 (Panthéon-Sorbonne). J’ai ensuite passé le concours d’avocat (CRFPA) que j’ai obtenu, avant d’intégrer un important cabinet d’avocats français de droit des affaires dans lequel j’exerçais essentiellement au sein du département « Corporate » . Par la suite, j’ai légèrement réorienté mon activité notamment au regard de la clientèle à laquelle je m’adressais. Mes conseils juridiques se sont alors davantage tournés vers les startuppers, entrepreneurs, et chefs d’entreprise. C’est dans ce cadre que j’ai créé mon propre cabinet « SORIS Avocats », en septembre 2019. En parallèle, Je développe désormais depuis maintenant plus de deux ans, une activité en droit du sport grâce à laquelle j’ai la chance d’accompagner des sportifs de haut niveau de tout type et de tout sport mais également des clubs et associations sportives.
Pourquoi la fonction d’avocat ?
On ne choisit pas le métier d’avocat par hasard. De mon point de vue, il s’agit avant tout d’une vocation exigeante. Ce n’est pas un métier comme un autre. C’est un métier qui implique un engagement important au quotidien que ce soit pour une cause ou pour les intérêts que l’on à défendre et à protéger. Dans la façon dont j’exerce mon métier d’avocat au quotidien, j’aime à dire que je suis en quelque sorte le « sparring-partner » de mes clients, qu’ils soient sportifs ou entrepreneurs. Être au quotidien aux cotés de ma clientèle, être celui vers qui l’on se tourne lorsque l’on a une décision stratégique importante à prendre ou lorsque l’on rencontre une difficulté, est un rôle qui m’anime et dans lequel je prends un grand plaisir.
Quelle est la raison principale de cette transition d’activité en droit du sport ?
Le sport est une véritable passion chez moi, celle-ci prend ses racines dans un contexte familial ou le sport est central. Mes parents et ma sœur sont de grands sportifs et m’ont toujours montré la voie. A titre personnel, j’ai fait beaucoup d’athlétisme que j’ai pratiqué pendant plus de dix ans. Ce parcours au sein d’un environnement dans lequel le sport est presque omniprésent m’a permis de me confronter à ses exigences et d’intégrer ses valeurs nobles. Il y a une forme de satisfaction à mettre en œuvre et à imprimer cet état d’esprit dans le cadre de ma carrière professionnelle.
Est-ce que cette transition n’est pas stratégique au vu du développement de plus en plus important des activités sportives, des événements sportifs et des infrastructures en France ?
Cette volonté d’évoluer dans le monde du sport et d’être aux côtés des athlètes, sportifs de haut niveau, footballeur et dirigeants de clubs / associations sportives vient de loin. Comme dit avant, ce virage dans le sport, est le fruit d’une passion qui est en moi depuis longtemps.
Tout cela implique une vague d’avocats dans ce nouveau milieu, qui font du droit du sport, leur activité accessoire voire principal. Comment aborder cela, comment sortir du lot pour se démarquer ?
Je trouve intéressant de voir que beaucoup d’avocats s’intéressent à cette activité. Le sport est un univers où il y a un important besoin de structuration. Je parlais tout à l’heure valeurs, je pense que notre déontologie, en tant qu’avocat, est un atout important à mettre à notre crédit. Je pense que nous serons, dans les prochaines années, incontournables sur toutes les problématiques du sport business et notamment dans le football. Il y a un besoin immense pour structurer et accompagner les carrières des sportifs de haut niveau qui explosent de plus en plus précocement. Nous entendons encore trop souvent parler de sportifs de haut niveau qui ont été mal conseillés, mal orientés, voire parfois floués dans le cadre de la gestion de leur carrière. C’est inacceptable ! Les clubs et associations sportives qui tendent de plus en plus à une professionnalisation et évoluent dans un domaine qui ne cesse de se structurer juridiquement sont également de plus en plus demandeurs de l’accompagnement d’un avocat. Je pense que les avocats, avec notre professionnalisme et notre expérience des dossiers, sommes les mieux à mêmes de conseiller les sportifs de haut niveau et institutions sportives.
S’agissant du développement du pôle « sport business » au sein de ton cabinet, parle-t-on d’une activité accessoire ou d’une nouvelle activité exclusive ?
Il ne s’agit pas d’une transition à 100% en droit du sport. Les deux activités sont selon moi parfaitement complémentaires. L’expertise que j’apporte aux acteurs du sport est aussi le fruit de l’expérience que j’ai pu, et continue d’ailleurs, d’acquérir dans le cadre de mon activité en droit des affaires. Il peut y avoir des ponts intéressants entre l’accompagnement de sportifs de haut niveau et des chefs d’entreprise que je conseille quotidien.
J’ai souvent tendance à penser que l’entrepreneur est à sa manière un sportif de haut niveau. L’inverse devient également de plus en plus vrai tant les enjeux économiques sont devenus importants dans le milieu du sport.
J’ai plaisir aussi à constater que le « mindset » de mes clients, qu’ils soient entrepreneurs ou sportifs de haut niveau, est souvent le même : la recherche systématique de la performance, une détermination à toute épreuve et le goût pour le dépassement de soi.
Quels sont les objectifs à long terme du cabinet SORIS Avocats avec cette nouvelle activité juridico-sportive ?
Mon objectif est clair : je souhaite continuer à accompagner les talents et être le compagnon stratège de tous ceux qui souhaitent durer et optimiser leurs carrières.
L’expérience me montre que les carrières se jouent souvent sur quelques décisions importantes pour lesquelles le droit à l’erreur n’existe pas. C’est la raison pour laquelle j’ai toujours pensé que la composition de l’entourage d’un sportif de haut-niveau est presque aussi importante que son talent pour réussir. Beaucoup de jeunes pépites sont malheureusement mal accompagnés. Il y a aujourd’hui beaucoup de gâchis, cela m’est insupportable.
Nous avons beaucoup bossé sur notre offre d’accompagnement. Je travaille avec un certain nombre de partenaires, eux-mêmes spécialisés dans l’accompagnement de sportifs de haut niveau (experts comptables ; experts marketing ; confrères spécialisés dans des domaines pour lesquels je ne suis pas un spécialiste) pour mettre en commun nos compétences au service de l’optimisation des carrières de nos clients.
Cette notion d’accompagnement revient souvent dans ton discours. Ne penses-tu pas que ce « suivi » du sportif débute dès le plus jeune âge ?
Bien sûr. Les parents des jeunes sportifs sont très souvent perdus et inquiets quant à l’avenir de leurs enfants et la gestion de leur carrière… Les choix importants arrivent de plus en plus tôt. Les parents se retrouvent vite démunis face aux nombreux intérêts et sollicitations qui concernent leurs enfants. Sur de jeunes joueurs, l’accompagnement que nous proposons vise donc essentiellement à orienter et à conseiller les parents lorsqu’ils font face à des choix stratégiques importants pour la future carrière de leur enfant.
Peut-on s’attendre à ce que « SORIS Avocats » soit bel et bien prêt pour 2024 alors ?
Plus que jamais ! On regarde 2024 avec un appétit particulier non seulement en tant que citoyen engagé et professionnel du domaine sportif.
Pour finir, petite question d’actualité : Selon toi, la mise sous tutelle du ministère des sports sous celui de l’éducation nationale n’est -il pas un frein au développement de cette activité de droit du sport ?
Je comprends évidemment le lien qui existe entre le sport et l’éducation nationale. Le sport n’est-il pas la meilleure école de la vie ? Je le pense. En tout cas ce fut le cas pour moi. Ceci étant dit, je regrette que cette mise sous tutelle soit le fruit d’une vision restrictive du sport. Le sport moderne dépasse aujourd’hui le seul volet lié à l’éducation et infuse dans tous les domaines de la cité. Il représente de surcroît un enjeu économique de plus en plus important.Je rappelle par ailleurs que nous sommes à la veille d’accueillir un événement planétaire avec l’organisation de Jeux Olympiques de 2024. C’est un événement majeur qui devrait mobiliser l’ensemble des forces vives de notre nation. A quatre ans de l’événement, je trouve que la mobilisation est encore poussive… Il faudra pourtant se préparer pour être au rendez-vous. De tels événements sont une chance exceptionnelle. Le monde entier regardera la France en 2024. La France, comme elle l’a toujours fait, aura à porter un message fort au monde. C’est l’affaire de tous les Français, puisqu’il s’agira aussi d’exposer à la face du monde notre visage collectif. C’est donc un défi qui doit nous transcender.