Interview de Sébastien Chabal (Rugby)

par | 14, Juin, 2020

On ne le présente plus. Sébastien Chabal est un ancien rugbyman professionnel passé par le Racing Métro 92, les Sale Sharks ou encore le Lyon OU. Auréolé d’un grand nombre de titres, le valentinois de naissance, connu pour style aussi atypique que percutant sur le terrain, a pris sa retraite il y a 6 ans de cela, après 16 ans de carrière au plus haut niveau. Désormais multi-entrepreneur, il incarne un véritable modèle en terme de reconversion. Je vous propose donc de découvrir ici, la nouvelle vie d’une icône sportive et médiatique populaire française, que l’on surnommait « l’animal », la « cartouche » ou bien encore « The French Beast » (la bête française).

 
« La vraie vie a commencé pour moi après le rugby ».

Passionné de mécanique, vous avez débuté votre carrière professionnelle en tant qu’ouvrier avant d’embrasser la carrière de rugbyman professionnel. Aujourd’hui, vous êtes multi-entrepreneur. Est-ce selon vous la preuve que dans la vie il faut toujours croire en ses rêves et ne jamais rien lâcher ?

Croire en ses rêves et ne jamais rien lâcher, c’est une certitude. Je crois que c’est ce que j’ai fait au plus haut niveau dans le rugby pendant une vingtaine d’années, même si je n’étais pas prédestiné à cela. Comme vous l’avez souligné, j’étais tourneur-fraiseur en début de carrière. C’est un métier qui me passionnait. Le rugby m’a fait prendre un autre chemin. A la suite de cela, fort de l’expérience que j’avais acquise au rugby, c’était assez naturel que je devienne entrepreneur et particulièrement multi-entrepreneur car j’ai du mal à ne faire qu’une seule chose à la fois (rires).

Vous avez raccroché les crampons il y a 6 ans de cela maintenant. Quelles sont vos occupations professionnelles aujourd’hui dans ce que vous appelez « la vraie vie » ?

Oui c’est cela, 6 ans maintenant, ça passe vite. J’ai fait beaucoup de choses pendant les deux premières années qui ont suivi ma retraite sportive. J’ai « papillonné » même si j’avais déjà des activités quand j’étais encore sur le terrain, notamment avec « ConceptSport » qui conçoit des équipements sportifs pour les collectivités. Après cela, je suis allé découvrir beaucoup d’univers différents. J’ai par exemple accompagné des copains sur des projets pour vraiment voir ce que je voulais faire. Petit à petit, ces idées-là se sont éclaircies et mon chemin s’est tracé. Aujourd’hui, je viens de racheter l’été dernier, la marque de vêtement « Rockfield » dont j’ai été l’égérie pendant dix ans. C’était l’occasion pour moi de développer cette marque et de la développer en suivant mon ADN et ce que j’avais envie d’en faire. A côté de cela, j’ai lancé une gamme de cosmétique pour la barbe car beaucoup de monde me sollicitait pour être égérie. On va essayer de s’installer durablement, ce n’est que le début. Sinon, je fais un peu d’immobilier, je fais aussi de la TV comme consultant, et pour occuper mes dimanches mais aussi afin de garder un pied dans ma passion : le rugby. J’ai participé à la campagne pour accueillir la Coupe du Monde 2023 qu’on va gagner (rires), je fais partie du comité d’organisation pour avancer et pour mettre en place le projet car 2023 c’est demain.

Vous êtes rapidement devenu l’un des sportifs les plus populaires en France, que cela soit en raison de votre style de jeu très percutant au rugby ou du fait de votre style atypique. Les journalistes parlent même à l’époque de « chabalmania ». Finalement, avez-vous commencé à penser à votre reconversion alors que vous n’étiez encore que joueur ?

Pas du tout, je n’ai jamais fait de plan de carrière. Je ne suis pas une personnalité qui anticipe les choses, ça ne me ressemble pas. Je préfère vivre au jour le jour. Mon image s’est construite naturellement sans aucune réflexion derrière. Il y a aussi un peu de chance, de timing, il fallait quelqu’un qui représente l’Equipe de France en 2007. Les français m’ont découvert et m’ont gardé. Ils ont vu que j’étais quelqu’un d’authentique, avec les pieds sur terre.

Vous êtes un véritable businessman dans l’âme. Multi-entrepreneur, vous multipliez les expériences. Que cela soit sur un terrain ou aujourd’hui, vous semblez aimer le défi. Comment faites-vous pour gérer tout cela ?

Comment je fais ? Je commence tout juste à m’organiser. J’ai de la chance d’être bien accompagné par des collaborateurs très professionnels car moi j’ai les idées, mais il y a beaucoup de choses que je ne sais pas faire. Ils m’aident énormément dans mes projets. Je pense qu’il faut aider les gens car ils vous le rendront, il faut être honnête et transparent. Mes 3 associés gèrent très bien, ce qui me laisse explorer et comprendre les différents univers et essayer de trouver de bonnes directions pour faire quelque chose de bien et avancer dans mes projets.

Vous incarnez un véritable modèle prouvant qu’un sportif de haut niveau est capable de gérer à merveille sa reconversion. Etes-vous épanoui dans votre nouvelle vie? Le rugby ne vous manque-t-il pas trop ?

Je n’aime pas trop qu’on dise que je suis un modèle car je n’ai encore rien fait. Je me suis beaucoup trompé jusqu’à présent, j’ai fait beaucoup d’erreurs et de bêtises même si c’est en tombant qu’on apprend à se relever et que quoi qu’il arrive il faut tirer une conclusion de ses erreurs, car c’est ainsi qu’on apprend. Aujourd’hui, j’ai mes 3-4 activités qui avancent petit à petit et dans lesquelles je mets beaucoup d’énergie. De là à dire que j’ai réussi, ce n’est pas encore le cas mais ce qui est certain c’est que je me donne les moyens de réussir car dans la vie on n’a rien sans rien. Ce n’est pas parce qu’on a été au plus haut niveau dans le rugby que cela continue après. C’est ça la vraie vie. Je suis redescendu sur terre, je sais d’où je viens et je sais qu’il faut beaucoup travailler pour réussir. J’ai repris les études avec un MBA, j’avais besoin de comprendre des choses et aussi de me structurer pour mieux accompagner mes équipes. Je suis très épanoui. Finalement, dans une dizaine d’années je ne sais pas quelle carrière sera la plus marquante, le rugby ou l’entrepreneuriat… ? Le rugby ne me manque pas tant que cela, j’ai arrêté de mon plein gré car je n’avais plus envie. C’était d’ailleurs plus facile de passer à autre chose de cette façon là.

L’expérience que vous avez acquise durant votre carrière dans le rugby vous sert-elle dans votre nouvelle vie d’entrepreneur ?

Carrément. Il y a beaucoup de sportifs qui d’ailleurs vont témoigner en entreprise de leur expérience. Il y a beaucoup de parallèles à faire entre ces deux mondes que sont le rugby et l’entreprise. Certaines compétences comme la gestion d’équipe, la cohésion, le respect, le travail, le goût de l’effort, mais aussi l’ambition. Je pourrais vous en citer encore beaucoup mais la grande qualité que m’a apporté le rugby, c’est ma capacité à accepter de perdre et de travailler deux fois plus dur pour me dépasser et progresser, accepter ses failles. En France, on a un peu de mal avec la défaite, je trouve ça dommage car c’est comme cela qu’on apprend. Il faut donc de la résilience, de l’ambition, et se relever quand on tombe. Il y a des valeurs du rugby que je retrouve en entreprise. Le monde de l’entrepreneuriat est un peu différent dans le sens où c’est plus individualiste, mais quand vous arrivez à construire une équipe et leur faire comprendre que l’entreprise est plus importante que l’individu, et que si l’entreprise réussit, alors cela rejaillira sur l’individu.

Une devise commune à l’entreprise et au rugby que vous aimez bien ?

Je n’aime pas trop parler de devise commune car je pense que chaque univers a sa spécificité, je prône la transparence, la communication et le respect. Ce sont trois valeurs essentielles pour moi et sans lesquelles on ne peut pas avancer.

Quels conseils donneriez-vous aux sportifs de haut niveau désirant se reconvertir, à la fin de leur carrière, dans l’entrepreneuriat ?

A la fin de la carrière, il faudra travailler. La vraie vie va les rattraper, il faut en avoir conscience. Il faut anticiper. Quand ils sont sportifs, ils peuvent avoir des facilités et des contacts au sein de l’entreprise pour commencer à préparer cette reconversion et ne pas attendre que le rideau se baisse car ce sera plus compliqué. Dans le milieu du sport, on a généralement de la chance d’avoir un entourage bienveillant, il faut profiter de ces contacts pour échanger, réfléchir et commencer à construire. Partager ses envies et ses ambitions est primordial.

Pour finir, quels sont vos projets d’avenir Monsieur Chabal?

J’en ai beaucoup trop (rires). Comme je l’ai dit précédemment, avec l’efficacité de mes associés et collaborateurs, j’ai la chance de pouvoir faire ce que je préfère et travailler dans les domaines où je suis le meilleur. Il y a quelques projets qui vont sortir prochainement mais je ne peux pas en dire plus. J’ai trop de projets, la vie sera trop courte. Je ne sais pas si je suis hyperactif, mais je suis bel et bien actif bien que j’ai quand même besoin de mes 6 heures de sommeil (rires). J’aime rencontrer des gens, découvrir, apprendre, comprendre… Je suis passionné.

Un immense merci à Sébastien Chabal pour sa gentillesse, son humilité et sa disponibilité.

Crédit photo principale : The Telegraph

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