Lionel Messi vient d’être suspendu par son club, le PSG, après son voyage en Arabie saoudite. L’occasion de revenir avec Kevin Veyssière, fondateur du FC Géopolitics, sur les tenants et aboutissants de la fin de contrat imminente entre la star argentine et le club de la capitale.
Mise en contexte : Lionel Messi s’est rendu lundi en Arabie saoudite, sans l’accord de son club, alors que les joueurs du PSG étaient attendus à l’entraînement en début de semaine suite à leur défaite en Ligue 1 face à Lorient.
De son côté, Messi affirme pourtant avoir prévenu le club et que ce voyage était prévu de longue date et avait été repoussé déjà 2 fois, alors que l’argentin est sous contrat avec l’office de tourisme d’Arabie saoudite. Leo Messi a en effet signé un contrat évalué à 30 millions d’euros par an avec l’office de tourisme de l’Arabie Saoudite en 2019, avant sa signature au PSG, pour promouvoir le territoire saoudien grâce à son image et ses millions de followers. Un partenariat qui s’est matérialisé l’an dernier où Messi s’était rendu à Djeddah pour son Festival culturel et qui a officialisé son rôle d’ambassadeur du royaume Saoudien.
L’Arabie Saoudite souhaite en effet capitaliser sur le sport pour améliorer son image à l’international, diversifier son économie dans de nouveaux secteurs comme le tourisme et concurrencer les voisins sur ce nouveau terrain d’influence. Depuis 2015, Mohammed Ben Salmane (MBS), le fils du roi d’Arabie Saoudite, gère les affaires courantes du royaume. Il a notamment utilisé la manière forte pour refaire de l’Arabie Saoudite une puissance redoutée (assassinat de Khashoggi, guerre au Yémen, blocus contre le Qatar…).
Cela écorne l’image de l’Arabie saoudite et est un frein pour le projet « Vision 2030 » lancé en 2016 :
- Multiplier les partenariats internationaux
- Renforcer les services à la population
- Investir dans des secteurs clés (développement durable, nouvelles technologies, tourisme…).
Un autre levier sera alors activé pour redorer le blason saoudien et vendre la marque « Arabie Saoudite » (nationbranding), celui du sport. Domaine dans lequel l’Arabie saoudite est en retard par rapport à ses voisins, en particulier les Émirats Arabes Unis et le Qatar.
Des investissements conséquents seront alors faits à partir de 2018 pour accueillir de grands évènements sportifs internationaux (et donc médiatiques) sur son sol.
- Clash of Dunes
- Supercoupes d’Italie et d’Espagne
- Rallye Dakar
- Saudi Tour
- GP de Formule 1
Reste encore un terrain inexploité : celui du football.
Il faudra attendre 2021 et la levée du blocus de l’Arabie saoudite vis-à-vis du Qatar pour voir la situation se débloquer et le fonds d’investissement saoudien acquérir le club de Newcastle. Une « détente » des relations diplomatiques entre l’Arabie saoudite et le Qatar qui sera savamment mise en scène lors de la dernière Coupe du Monde entre Mohamed Ben Salmane et l’émir du Qatar Tamim Al Thani.
Après cette Coupe du Monde dans le Golfe persique, l’Arabie saoudite poursuit ses objectifs avec sa stratégie d’investissement massif dans le sport. Comme en témoigne la surprenante signature de Cristiano Ronaldo dans le club d’Al Nas. L’Arabie saoudite, comme a pu le faire le Qatar, cherche donc à s’appuyer sur des superstars du football pour promouvoir une nouvelle image de son pays à l’international et la « marque » de son pays (nationbranding). Parfois même en s’associant, comme l’a illustré le cas de la mini-tournée du club du PSG dans le Golfe persique en ce début d’année 2023. Avec un match en tête d’affiche entre le nouveau champion du monde argentin Leo Messi et le nouveau club saoudien de Cristiano Ronaldo.
En tout cas, cette affaire Leo Messi-PSG-Arabie saoudite remet en lumière l’utilisation du sport comme outil de « soft power » par des entités étatiques, en particulier du Golfe persique. Et cela ne semble pas prêt de s’arrêter.
Crédit photo : Dwlly – Unsplash
