Pour cette première interview, je vous propose de retrouver Jérémy Clément, ancien footballeur de haut niveau notamment passé par les plus grosses écuries française, telles que le l’Olympique Lyonnais, le Paris Saint Germain ou encore l’AS Saint Etienne. Le Rivois de naissance, au travers d’un échange tant sincère qu’intéressant, a accepté de revenir sur sa carrière et sur ses divers projets de reconversion d’avenir.
« Le sport est une belle école de vie »
Originaire de l’Isère, Jérémy Clément est un footballeur français. Il débute sa carrière professionnelle en 2003 avec l’Olympique Lyonnais, son club formateur. Après une demi-saison passée en Ecosse aux Glasgow Rangers, c’est au Paris Saint-Germain puis à l’AS Saint-Etienne qu’il poursuit sa carrière, avant de rejoindre l’ASNL Nancy pour deux saisons. Après seize années au plus haut niveau, il rejoint en 2019 le club de National 3 Bourgoin Jallieu, avant de raccrocher les crampons en avril 2020 avec le COVID19. Triple champion de France, vainqueur de deux titres de Coupe de la Ligue et d’une Coupe de France, le Rivois a répondu à mes questions.
Bonjour Jérémy, tu possèdes une longue carrière derrière toi, peux-tu nous expliquer brièvement ton parcours dans le monde du football ?
J’ai intégré le centre de formation de l’Olympique Lyonnais à l’âge de 13 ans. J’ai signé mon premier contrat pro avec l’OL en 2003. A 20 ans, après trois saisons à Lyon, j’ai rejoint l’Ecosse dans le club des Glasgow Rangers. J’y suis seulement resté une demi-saison. Suite à cela, j’ai conclu un contrat avec le Paris Saint-Germain, dans lequel je suis resté plus de 4 saisons jusqu’en 2011. Après avoir passé 6 ans du côté de Saint-Etienne, j’ai décidé de continuer l’aventure avec l’AS Nancy Lorraine pendant deux saisons. En 2019, j’ai rejoint le club FC Bourgoin Jallieu (National 3) pour terminer ma carrière près de ma ville natale.
A l’âge de 13 ans, tu intègres le centre de formation de l’Olympique Lyonnais. Comment est née cette passion pour le football ?
C’est dans les gênes, c’est familial. Toute la famille était « foot », mon papa jouait en amateur à Rives. J’ai été bercé dans le foot et j’y ai pris goût très tôt. Je le vois avec mon fils aîné de 11 ans, il suit les traces de son père, c’est un passionné. L’objectif n’était pas spécialement de lui transmettre cette passion du ballon rond que j’ai. Je voulais avant tout qu’il fasse ce qu’il avait envie, mais au final, il est même plus mordu que moi. Mon dernier de 3 ans commence à s’y mettre doucement aussi (rires).
C’est le club rhodanien qui t’a donné ta chance, quels souvenirs gardes-tu de tes années à Lyon où tu as d’ailleurs remporté trois fois le titre de champion de France ?
J’en garde forcément de bons souvenirs, j’étais dans une équipe formidable avec des joueurs de classe mondiale. J’ai aussi énormément de reconnaissance envers l’Olympique Lyonnais car c’est le club qui m’a formé, qui m’a permis de lancer ma carrière, mais aussi de gagner des titres.
Le meilleur et le pire moment de ta carrière ?
C’est compliqué, c’est vrai que ça doit varier en fonction des années, mais le premier titre avec l’OL reste un de mes meilleurs souvenirs. C’est incroyable d’avoir pu célébrer mon premier titre dans mon club formateur, la première année où j’ai signé en tant que professionnel . Le plus mauvais, j’aurais tendance à dire que c’est ma blessure en 2013, mais d’un autre côté, elle m’a aussi permis de me construire.
La meilleure ambiance, c’est dans quel stade que tu l’as vécue ?
Question piège (rires) ? J’ai eu la chance de jouer dans de beaux stades, mais honnêtement, je dirais, à l’Ibrox Stadium en Ecosse. Non seulement, les supporters écossais du Glasgow Rangers mettent une ambiance mythique dans le stade, mais ils dégagent aussi beaucoup de respect envers leurs joueurs.
Tu as joué à Lyon puis à Saint-Etienne : deux éternels rivaux. En veux-tu à ceux qui t’ont critiqué d’avoir changé de camp ?
Non, je peux comprendre les critiques. Ça fait partie du jeu, ce sont deux clubs qui se détestent. Avec du recul, je ne peux pas choisir tel ou tel club parce que j’ai de l’affection tant pour l’OL que pour l’ASSE. Ils ont évidemment marqué ma carrière dans le football. C’était avant tout un choix sportif. J’ai tout donné pour les deux, mais j’ai choisi de passer chez les meilleurs. Je ne me voyais pas, après mon passage au Paris Saint-Germain, jouer dans un club sans ferveur, avec tout le respect que j’ai pour les autres clubs bien sûr. Saint-Etienne reste un club historique en France. Quoi qu’il en soit, on ne peut évidemment pas faire taire les critiques, mais je pense que la plupart des personnes comprennent cela.
Y a-t-il des sportifs avec qui tu t’es lié d’amitié?
Dans ma carrière, j’ai eu la chance de rencontrer du beau monde dans le milieu du sport. Celui dont je suis resté le plus proche, c’est Sylvain Armand. Il est désormais le parrain de mon dernier enfant et nos familles s’entendent très bien. Dans l’ensemble, j’ai eu de bonnes relations avec beaucoup de footballeurs. Ce qui est enrichissant, c’est aussi que j’ai pu rencontrer d’autres sportifs de haut niveau avec qui j’ai pu échanger sur leur discipline.
Quelle relation entretiens-tu avec ton agent ?
J’ai le même agent depuis 18 ans parce que je suis quelqu’un de fidèle. Au départ, quand j’étais jeune, il avait davantage un rôle de conseiller. Par la suite, il m’a beaucoup aidé dans mes choix de carrière. Il s’occupait de négocier les contrats du mieux possible. Je ne vais pas dire que c’est grâce à lui que j’ai eu cette carrière, mais les choix que nous avons faits ont toujours été pertinents. Il m’a toujours été de très bon conseil. Et je l’en remercie.
Tu as décidé de rejoindre le FC Bourgoin Jallieu (Club de National 3) avant de raccrocher les crampons. Pourquoi ce choix ?
Parce que je suis originaire de Rives, c’était un choix logique. Ma femme et mes enfants avaient envie de rentrer après quinze ans « d’exil », si je puis dire (rires). Le choix de jouer au FC Bourgoin Jallieu, c’était aussi pour me former en tant qu’entraîneur. Le club m’a proposé cette option-là. C’était cool de continuer à jouer, tout en passant mon diplôme d’entraîneur ! Parce que je me sentais encore bien, je n’avais pas envie d’arrêter ma carrière brutalement. Je voulais continuer le football, être dans un club avec tout ce que cela apporte (l’ambiance de vestiaire, les copains, les matchs, enfin tout ce qui tourne autour du football).
N’est-ce-pas trop dur de mettre un terme à tant d’années au haut niveau ?
Plus maintenant ! Plus on vieillit, plus on sait que la fin approche. Ça n’a pas été dur dans le sens où je m’y préparais et dans tous les cas, si je continuais à jouer, c’était encore pour un an maximum. L’échéance arrivait. Ce qui a fait la différence, c’est le confinement avec le COVID19. La coupure m’a poussé à arrêter. Ça m’a permis de réfléchir, je n’avais plus envie de faire des efforts et d’attendre la fin de la saison avant de rechausser les crampons. J’ai donc préféré y mettre un terme.
Tes perspectives d’avenir ? Une reconversion ?
Oui, tout à fait. J’ai envie de passer mes diplômes pour entraîner. On m’a fait pas mal de propositions, je ne m’y attendais pas mais j’ai été beaucoup sollicité. On m’a notamment proposé de reprendre l’équipe première senior du FC Bourgoin Jallieu.
Pour ce qui est de la politique, j’ai seulement fait partie d’une liste électorale mais c’était davantage par rapport à ma ville d’enfance. Je voulais en particulier avoir un rôle de fédérateur auprès des jeunes pour tout ce qui a trait au sport. La politique, ce n’est pas pour maintenant (rires).
Que penses-tu des différentes problématiques juridiques dans le sport, telles que le dopage, les match truqués en France ?
Cela existera toujours, je pense (rires). Je ne cautionne évidemment pas cela, mais il y aura toujours cette part de vice, ça fait partie du football. Tout cela me rappelle vaguement un module d’un diplôme universitaire sur la gestion des organisations sportives que j’ai passé.
Quels conseils donnerais-tu à la nouvelle génération de footballeurs ?
Je pense qu’il faut essayer de prendre du plaisir dans ce qu’on fait, même si ce n’est pas toujours évident, parce qu’il y a des contraintes (dans un centre de formation par exemple, il y a du travail, de la compétition et des résultats à obtenir). Il faut avant tout garder les pieds sur terre et rester bien entouré, proche de sa famille, de ses amis d’enfance, de ceux qui ont toujours été là. Il faut aussi avoir confiance en soi et garder son objectif en tête.
Un petit mot pour les passionnés de sport qui te liront ?
C’est bien d’avoir une passion. Le sport, c’est une école de vie, il transmet de belles valeurs. C’est là où on rencontre des amis. La notion de partage est très importante pour moi. Mes plus belles rencontres se sont faites grâce au sport. Mes amis d’enfance, je les ai rencontrés à l’époque dans le club où je jouais, et trente ans plus tard, ce sont toujours de très bons amis.
Tous mes remerciements à Jérémy pour sa disponibilité, son humilité et sa simplicité. Supporter inconditionnel de l’Olympique Lyonnais depuis tout petit, j’ai réalisé un rêve d’enfant, en échangeant avec lui sur ses diverses expériences dans le milieu du football.
Crédit photo : ASNL