Interview de Eliott Benchetrit (Tennis)

par | 3, Juil, 2020

Zoom sur une jeune pépite française qui d’ici quelques temps sera connu du grand public, n’en doutez pas. Eliott Benchetrit, 21 ans et déjà dans le top 200 du tennis mondial. Vainqueur de plusieurs titres, il a aussi participé à plusieurs Grand Chelem tels que Roland Garros et l’US Open notamment. Je vous propose dans cette interview, de découvrir son parcours, mais également ses ambitions futures dans le tennis. Merci à lui pour son temps et sa confiance.

« Je suis passionné par ce que je fais. Cette petite coupure de tennis pendant la crise sanitaire m’a fait un petit quelque chose mais ne m’a pas détourné de mes objectifs ».

Bonjour Elliot, peux-tu nous expliquer dans un premier temps comment tu as découvert le tennis ?

J’ai découvert le tennis en allant voir jouer mon frère. Un jour, en revenant de l’école, je devais avoir 4 ans à peine, je l’ai vu jouer et j’ai demandé à ma mère si je pouvais à mon tour jouer au tennis. J’ai de vagues souvenir de la première fois que j’ai tenu une raquette. Initialement, je ne viens pas d’une famille de passionnés de tennis, même si mon frère jouait un petit peu en loisir. J’ai commencé très tôt le tennis; j’ai d’abord commencé en sport étude à Nice, puis 2 ans en académie à Paris. Quand je suis revenu dans le sud, j’ai pris un coach privé pour m’accompagner et m’aider à exploiter mon potentiel au maximum. C’est à partir de là que l’aventure a vraiment commencé, je devais avoir 15 ans tout au plus. J’ai commencé à vivre du matin au soir pour le tennis et puis la suite de mon histoire, j’essaie de l’écrire chaque jour un peu plus.

Quel est ton style de jeu?

Je pense que ce qui fait la différence dans mon style de jeu, c’est mon service et mon coup droit. En ce moment, je travaille beaucoup sur ma force mentale. C’est en train de devenir l’un de mes atouts principal alors que c’était l’une de mes plus grosse faiblesses il n’y a encore pas si longtemps. A contrario, mes faiblesses sont peut-être encore mon manque d’expérience et ma concentration. Un match de tennis demande une grande capacité de concentration, le plus dur est de tenir jusqu’à la fin.

Sur quelle surface te sens-tu le plus à l’aise ?

Je suis plus à l’aise sur terre battue, car j’ai naturellement grandi dessus, mais je me sens assez bien sur toutes les surfaces.

Ton plus beau et ton pire moment avec la petite balle jaune ?

Mon plus beau, je dirais que c’est la qualification à Roland Garros l’année dernière contre Enzo Couacaud. J’étais mené tout le match, j’ai été capable de me surpasser, tant mentalement que physiquement. Le tournant de ce match c’est qu’à un moment, je me suis dit  » Fais-toi plaisir ». J’ai simplement essayé de m’enlever toute cette pression et cela a fonctionné puisque j’ai gagné mon match, tout cela devant le public français, et pas n’importe où, à Roland Garros! En revanche, cela fait peut-être prétentieux mais je n’ai pas vraiment de matchs pour lesquels j’ai des regrets. J’ai le sentiment de tout donner à chaque fois et dernièrement j’ai essentiellement joué contre des top joueurs, donc je me dis que d’une certaine manière, ça c’est déjà une victoire. Quoi qu’il arrive, il faut tirer du positif de tout.

Tu as déjà « touché » au haut-niveau avec 4 participations en Grand Chelem, et notamment à Roland Garros. Quels sont tes objectifs à long terme dans ce sport ?

A court terme, c’est rentrer dans le top 100. Je suis assez consciencieux, l’objectif est avant tout de progresser chaque année. Je suis passionné par ce que je fais. Cette petite « coupure » pendant la crise sanitaire m’a fait un petit quelque chose mais ne m’a pas détourné de mes objectifs, qui sont d’intégrer à long terme le top 10 mondial, de gagner des matchs en Grand Chelem régulièrement, de participer aux Masters et pourquoi pas faire un dernier carré de Grand Chelem.

Que ressent-on lorsqu’on apprend que l’on va participer à un tournoi tel que Roland Garros?

C’est une véritable fierté. Je suis encore jeune et puis c’est vrai qu’en plus je ne m’y attendais pas trop à avoir la Wild Card en 2018. Jouer Roland Garros c’est un rêve pour tout joueur/joueuse de tennis, je pense. Avec du recul, avoir joué ce grand tableau, même si à mes yeux je ne le méritais pas, m’a aussi permis d’avoir la Wild Card Qualifications en 2019. C’était certes plus dur en passant par les qualifications mais je mesurais chaque jour ma chance. Avant chaque match, je me conditionnais pour me surpasser, peut-être aussi pour me prouver que je la méritais cette Wild Card. Dans tous les Grands Chelem maintenant, l’objectif est de jouer le grand tableau. Que cela soit par le classement ou par les qualifications. Pour moi ce n’est pas déméritant de jouer un tournoi en passant par les qualifications, au contraire le mérite est d’autant plus présent.

Début 2020, tu es éliminé au 1er tour de l’Open d’Australie à Melbourne. Peux-tu revenir sur ce match? Qu’est ce qui n’a pas été ce jour-là?

C’est difficile à mes yeux de dire ce qui n’a pas été. Je sortais de 3 jours de qualifications de suite, sans pause. Les conditions n’étaient pas toutes réunies, que ce soit au niveau de ma forme physique, ou même de la météo. J’ai perdu beaucoup de plumes contre le norvégien Emil Ruusuvuori au 2ème tour des qualifications, il était vraiment très fort. J’ai finalement perdu contre une pointure, le japonais Sugita. J’avais mes 3 matchs de qualification dans les jambes, il faisait 40 degrés et puis mentalement c’était compliqué après un set perdu et balle de break dans le deuxième set. Il n’y a pas de secret, pour enchaîner ce type de match dans ces conditions, il faut progresser physiquement dans un premier temps, puis mentalement. Quoi qu’il en soit, j’en tire du positif. J’essaie de progresser chaque jour un peu plus, je suis encore jeune.

A ce jour, tu as remporté 3 ITF en simple et 2 en double, ainsi qu’un challenger à Lyon. Quel est le titre qui fait la différence jusqu’à présent? Y a-t-il un trophée que tu souhaites particulièrement gagner au cours de ta carrière ?

Je n’ai vécu qu’un seul moment chez les junior en Equipe de France. Sur le papier, cela allait être compliqué. On a finalement gagné la Coupe d’Europe par équipe. Ce trophée a une saveur particulière car c’est l’un des plus beaux titres que l’on puisse gagner en junior. Le fait de l’avoir gagné en équipe, c’est incroyable ! Je m’en souviendrai toute ma vie.

Un trophée que j’aimerais gagner, c’est Wimbledon. C’est un rêve d’enfant. Cependant, étant français et adepte de la terre battue, ce serait juste phénoménal pour moi de gagner Roland Garros. J’espère qu’un français de notre génération, et pourquoi pas moi, ira au bout de Roland Garros. Trop ont malheureusement échoué aux portes de la finale, j’ai envie d’y arriver.

Tu fais partie de la nouvelle génération française. Comment abordes-tu cela ?

Normalement. Je ne me mets pas de pression, mon objectif est d’exploiter mon potentiel au maximum. Je joue mon tennis pour moi, pour « kiffer » avant tout.

La sélection en Equipe de France, un rêve pour toi ?

Ce serait mentir de dire l’inverse. On a un pays de rêve, avec des top joueurs, de super infrastructures, un public incroyable. Evidemment, ce serait un rêve de représenter la France en Coupe Davis. On verra ce qu’il en est. Pour l’instant, je me concentre pour donner le meilleur de moi-même tous les jours et puis on verra ce que ça donne.

Les valeurs véhiculées par le tennis t’inspirent t-elles ?

Le tennis véhicule les principales valeurs du sport, comme l’humilité par exemple. La valeur la plus fragrante au tennis, c’est à mon sens la remise en question perpétuelle de soi-même. Il y a toujours des joueurs de plus en plus fort sur le circuit. Le tennis ce n’est pas juste s’entraîner sur un terrain et jouer ses matchs, il y a aussi la réflexion pour progresser. Il faut savoir se démarquer pour avancer. Ces valeurs m’inspirent et continueront à m’inspirer.

Comment se passe ta reprise post confinement ?

Très bien. Je ne me suis jamais arrêté en fin de compte. Je me suis entraîné tous les jours, donc ce n’est pas spécialement une reprise. Je me concentre pour les prochaines échéances, l’US Open devrait avoir lieu, même si je trouve ça étonnant, et puis il y a Roland Garros en septembre/octobre. J’espère que les beaux jours sont devants moi (rires).

As-tu déjà une idée de ce que tu voudras faire après le tennis?

Bonne question. J’ai déjà goûté à l’entreprise car ma copine a sa société, je l’ai aidée pendant le confinement. Pourquoi pas l’entreprise, je ne sais pas encore dans quel domaine, mais on verra. J’ai aussi beaucoup d’amis dans le monde de l’auto, ce serait un grand plaisir de pouvoir à l’avenir me développer dans ce milieu. Je ne me projette pas au point de m’arrêter à un projet fixe. Je suis encore jeune, j’ai envie de profiter. Je penserai à tout cela une fois l’heure venue. Pendant le confinement, j’ai entraîné deux trois enfants, cela m’a plu. Ça m’a permis de comprendre certaines choses dans mon tennis que mon coach m’enseigne. Ça m’a donc permis de progresser. On verra bien ce qu’il se passera.

Un conseil pour la prochaine génération? C’est quoi la clé pour devenir professionnel ?

Il faut faut de la patience, du travail, de la détermination, mais surtout la passion. La passion, c’est le « must » mais ça marche dans tous les secteurs, pas uniquement au tennis. Il faut savoir se lever avec le sourire et être heureux de ce que l’on fait chaque jour. C’est tellement plus simple comme ça. La passion doit être au cœur de tout car elle nous aide aussi à surmonter les obstacles. C’est selon moi une base que l’on a tendance à oublier.

Crédit photo : rollandgarros.com

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